Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
Centre de recherche et de documentation sur les Amériques

[TABLE RONDE POSOC] L’Amérique latine, entre droites conservatrices et extrêmes. Trajectoires, pratiques, représentations.

Vendredi 19 novembre, 14h00-16h00

 

 

L’Amérique latine, entre droites conservatrices et extrêmes.

Trajectoires, pratiques, représentations.

Le vendredi 19 novembre 2021 de 14H à 16H, salle 0.033, bâtiment de recherche sud (rdc.), Campus Condorcet

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Table ronde organisée dans le cadre du séminaire

Politiques et sociétés comparées (POSOC)

 

 

 

Intervenants :

 

Kevin Parthenay, professeur de science politique, université de Tours

« Droites au pouvoir : ruptures ou continuités diplomatiques ? »

Ernesto Bohoslavsky, chercheur au CONICET, professeur d’histoire de l’Amérique latine, Universidad Nacional de General Sarmiento (Argentine)

« Pueblo y derechas en la América latina actual »

Jacobo Grajales, professeur de science politique, université de Lille

« Les droites colombiennes : quel positionnement après l’accord de paix de 2016 ? »

Sergio Pereira Leite, département développement, agriculture et société, Universidade federal rural do Rio de Janeiro

« Les droites au pouvoir au Brésil. Démantèlement de politiques publiques, accaparement de terres et conflits fonciers »

 

Discutante : Marie-Hélène Sa Vilas Boas, MCF en science politique, université de Nice

 

Vingt après la « vague rose » des années 2000, une « vague bleue » a déferlé sur l’Amérique latine. Dès 2015, ces gauches au pouvoir ont commencé à céder le pas à des gouvernements de droite, par la voie électorale (Argentine en 2015, Chili en 2018, Uruguay et Equateur en 2020), par des coups d'État (Honduras en 2009, Bolivie en 2019), ou par des procédures contestées de destitution par le pouvoir législatif (Paraguay en 2012, Brésil en 2018). Des alternances à gauche ont pu être observées dans certains systèmes politiques (Argentine et Mexique en 2018, Bolivie en 2020), mais le continent est majoritairement gouverné par des droites.

Dès lors, l’arrivée au pouvoir de ces droites soulève différentes questions, qui n’ont pas toutes été explorées. Au-delà des caractérisations relationnelles des droites et des gauches au regard de leurs positionnements respectifs dans les systèmes partisans, identifier ce qui différencie et rapproche les différents courants, partis et mouvements de droite entre eux parait nécessaire pour rendre compte des enjeux que recouvre leur arrivée au pouvoir. Par ailleurs, l’évocation de cette « vague bleue » met en valeur des modalités différenciées de conquête du pouvoir, avec des processus et des enjeux qui demandent aussi éclaircissement. Entre mobilisations électorales dans le cadre des institutions représentatives, usage de la force et recours abusifs aux constitutions, les enjeux démocratiques varient d’un cas à l’autre et trouvent des traductions différenciées dans les pratiques du pouvoir. Peut-on identifier, à leur propos, des pratiques communes aux droites, qui les différencient clairement des gauches, tant en ce qui concerne les trajectoires historiques, la conquête du pouvoir, les pratiques des exécutifs, ou encore les façons de se donner à voir dans l’espace public ?

Pour explorer ces questions, cette table-ronde s’organisera en trois axes de réflexion autour des caractéristiques des organisations et des mouvements de droites et de la différenciation entre droites conservatrices et extrêmes :

 

 

Axe 1 : trajectoires historiques des droites

 

Pour caractériser les droites latino-américaines, une approche historique permet l’analyse des ruptures et des continuités avec les expériences passées. Dans le cône Sud, les droites au pouvoir depuis les années 2010 s’inscrivent dans l’héritage des passés autoritaires, que ce soit dans leurs pratiques de gouvernement ou dans les relations entretenues avec ceux qui leur résistent. Il s’agira donc d’interroger les dynamiques de transformation des mouvements de droites, depuis l’identification des trajectoires des organisations partisanes de droite, mais aussi d’interroger la distinction entre droites conservatrices et extrêmes, autour des axes de réflexion suivants : trajectoires des systèmes partisans, évolutions des cadrages de campagne électorale, usages politiques du passé.

 

Axe 2 : pratiques au pouvoir

 

Dans leur pratique du pouvoir, et en particulier dans leur relation avec les mouvements sociaux contestataires, les gouvernements de droite déploient des politiques répressives dures et violentes. Tant au Chili et en Equateur en 2019 qu’en Colombie en 2021, la criminalisation de la contestation, la militarisation du maintien de l’ordre et les violations des droits humains ont été dénoncées (Commission des droits humains des Nations Unies, Human Rights Watch, etc.). Ces stratégies de gouvernement de la contestation rencontrent des variations multiples : recours à la force pour le maintien de l’ordre dans les espaces publics, cooptation des leaders contestataires, appropriation de leurs demandes… Deux questions pourront être explorées : est-il possible d’identifier une gradation dans ces pratiques ? Les stratégies de maintien de l’ordre et les pratiques de répression dessinent-elles des catégories parmi les droites au pouvoir ? Au-delà, ce sont donc les enjeux démocratiques de la répression, des aggravations des violations des droits humains, et des recours à des répressions violentes qui pourront être abordés.

 

 

Axe 3 : représentations

 

Comment ces droites se donnent-elles à voir et quels types de symboles mobilisent-elles ? Au-delà de la caractérisation des esthétiques de droite, plusieurs questions seront posées : peut-on distinguer des catégories de droites selon les types d’esthétiques qu’elles mobilisent ? Par quelles voies et quelles pratiques ces esthétiques sont-elles mobilisées, par exemple dans les réseaux sociaux et en période électorale ? Quelles symboliques ces droites empruntent-elles à celles du passé ?

 

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