Les grands espaces américains : Entre réorganisation agricole, protection et exploitation des ressources naturelles

Coordination : François Michel Le Tourneau (directeur de recherche)

 

PRÉSENTATION DE L'AXE

Les Amériques demeurent le continent des grands espaces disponibles puisqu’elles n’abritent que 13,5% de la population mondiale sur près d’un tiers de l’espace terrestre. Elles représentent également, selon la FAO (2005), plus de 68% du total des forêts primaires  du monde (près de neuf millions de kilomètres carrés de forêts primaires sur 15 millions de kilomètres carrés de surfaces forestières), pour seulement un tiers des terres émergées, trois pays américains (Brésil, Canada et États-Unis) regroupant à eux seuls près de la moitié du total mondial de ces mêmes forêts primaires. Au total, le continent conserve une proportion importante de grands espaces encore peu ou pas anthropisés : si l’on s’intéresse au rapport entre les espaces habités ou utilisés par l’agriculture et l’élevage et les espaces naturels, on remarque encore que les Amériques conservent une proportion particulièrement forte des seconds, atteignant 70% contre 60% pour les autres continents .
Le rôle joué par les espaces naturels et par leur transformation accélérée est aujourd’hui interrogé dans une double perspective scientifique. On met d’un côté en valeur leur fonction dans le maintien des équilibres climatiques (voir UNEP, 2009), en insistant sur le stockage et l’absorption de CO2, ou bien sur la régulation thermique et l’influence sur le régime des pluies (Mahli et al., 2008). D’un autre côté, on remarque la vulnérabilité de ces espaces vis-à-vis des modifications globales du climat (Bates et al., 2008) et l’apparition de signes de mutations ou d’adaptations, les prévisions indiquant une transformation d’une grande parte de l’Amazonie en savane (Cook et Vizy, 2008) étant les plus emblématiques de cette ligne. Dès lors, on comprend que l’évolution des relations que les sociétés américaines entretiennent avec leurs territoires est cruciale pour l’avenir de la planète. Celles-ci peuvent être résumées au travers de l’évolution de trois « frontières » : la frontière agricole, la frontière de protection et la frontière d’exploitation des ressources naturelles.

La première correspond aux à la notion de F. Turner (frontier), souvent traduite par « front pionnier ». Le mouvement de conquête et d’intégration de nouveaux espaces naturels aux superficies utilisées par l’agriculture se poursuit, en particulier en Amérique du Sud, car ce sous-continent semble voué à devenir la « ferme du monde ». Mais en parallèle, on observe également une réorganisation des espaces agricoles déjà existants, à la fois par une intensification dans certaines régions et sous l’impulsion de nouvelles productions dans d’autres. Ainsi, grâce à l’utilisation agricole des grands espaces, un certain nombre de programmes sont en pointe dans les Amériques, comme celui des biocarburants avec la recherche de nouveaux produits de substitution aux énergies fossiles. Ce programme est particulièrement innovant au Brésil (Droulers, 2009) et aux États-Unis. On observe en parallèle de vastes programmes des plantations forestières boréales, tropicales ou de montagne. Entre agribusiness et agriculture familiale, le continent américain adapte ses méthodes agricoles et forestières, souvent par une course à l’intensivité qui pose d’importantes questions sur sa durabilité tant sur le plan environnemental que sur le plan social.

La seconde frontière est celle qui a vu la montée en puissance de la protection de l’environnement, déclinée sous plusieurs formes : développement durable, protection de la biodiversité, lutte contre le changement climatique. Ces paramètres guident de plus en plus les normes d’usage ou les principes d’utilisation des espaces. Reflet de ce phénomène, on remarque par exemple un mouvement continu et de très grande ampleur de création d’aires protégées. Aux États-Unis, elles sont aujourd’hui au nombre d’un peu moins de 22 000, recouvrant presque 13 % de la superficie du pays. Au Canada, cette proportion est moindre mais les surfaces concernées sont de même ampleur : 9,6 % de terres protégées, soit environ 950 000 km². Ce mouvement touche l’Amérique latine dès les années 1930, mais les zones concernées restent restreintes. La popularisation du discours sur la protection de l’environnement à la fin des années 1980, et la création d’instances internationales destinées à la promouvoir au début des années 1990, entraînent un changement massif dans les politiques publiques de cette partie du continent (Velut et Le Tourneau, 2011). Elle devient ainsi la première zone du monde pour la proportion des aires protégées, qui double de 1990 à 2009, en passant de 10,5 à 20,8 %. Associée à ce phénomène, on remarque la généralisation de l’attribution de zones réservées à des groupes particuliers de la population, en particulier aux populations amérindiennes et aux descendants d'esclaves échappés des plantations ("noirs marrons", quilombolas). Plus généralement, le discours en faveur de l’environnement imprègne désormais le discours des aménageurs, celui des politiques et parfois celui des habitants, comme autant de principes normatifs (pas toujours respectés dans les faits).
La troisième frontière est celle de l’exploitation des ressources naturelles, en particulier les ressources minières. Si celle-ci a toujours été l’un des moteurs économique des Amériques, on note aujourd’hui une intensification de ce phénomène, qui retrouve suffisamment de force sur le plan politique pour faire remettre en cause les politiques de protection de l’environnement. La croissance économique mondiale et sa demande en matières premières et en énergie ont accentué la pression sur les gouvernements qui assouplissent leurs dispositifs environnementaux, comme le montrent l’exploitation des gaz de schistes, des réserves pétrolières à très grande profondeur ou des gisements miniers situés dans des territoires alloués à des peuples autochtones au Canada (IWGIA, 2011).
La résultante des interactions entre ces trois frontières est que l’on se trouve aujourd’hui sur le continent américain face à une mosaïque de territoires dans lesquels les logiques de fonctionnement sont très diverses, même si toutes essayent de se rattacher, de manière directe ou indirecte, à des principes de préservation de l’environnement, et dans lesquels les logiques spatiales distinctes des différents groupes sociaux produisent des conflits toujours plus nombreux. Il est donc nécessaire d’étudier ces nouveaux modes de fonctionnement, de montrer comment ils se définissent et à quels territoires ils se rapportent et de montrer comment l’irruption de la question environnementale dans le débat public aboutit à remodeler les rapports sociaux et les priorités politiques. On doit aussi étudier les relations qui se nouent entre les différents espaces, les pressions exercées par les uns sur les autres et les recompositions sociales auxquelles ces mouvements peuvent aboutir et l’émergence de nouvelles territorialités dans les campagnes et dans les villes.

Le groupe « devenir des grands espaces américains » du CREDA souhaite s’attacher à ces thématiques, en les étudiant de manière pluridisciplinaire. Son objet est de questionner le fonctionnement actuel des territoires ruraux ou « sauvages » (au sens de wilderness) dans les Amériques et leur relation avec la question environnementale. Les approches proposées incluent une dimension historique ou géohistorique analysant la constitution de la relation entre les territoires et les sociétés, une dimension anthropologique travaillant sur la relation actuelle entre les individus et leur espace, une dimension de science politique analysant les inflexions correspondant à la reconnaissance de ces territoires dans les États américains et, enfin, une dimension géographique visant à localiser, quantifier et cartographier ces phénomènes dans l’espace continental pour discuter la notion de géosystèmes.
Parmi les thèmes qui seront abordés par le groupe « territoires et environnements », on donnera une place particulière à la question des grands espaces naturels et de leur peuplement, actuel ou passé. En effet, Le caractère « sauvage » ou le fait que ces espaces seraient depuis toujours gouvernés uniquement par les phénomènes naturels sont des conceptions aujourd’hui largement remises en question. En effet, la plupart des régions concernées ont été habitées, et le sont le plus souvent encore, par des groupes humains, anciens ou plus récents, qui ont pu et su maintenir les caractéristiques naturelles des milieux, ou qui les ont parfois modifiées tout en maintenant un fonctionnement écologique qui a permis leur reconquête par les écosystèmes naturels après leur disparition. On considère ainsi les sols de « terres noires » rencontrés dans de nombreuses régions aujourd’hui isolées comme les preuves d’une occupation agricole précoce (Fraser et Clement, 2008). Dans les autres régions, les impacts sont plus subtils, plus particulièrement centrés sur la modification relative de l’abondance de certaines espèces, comme le montre les études sur les peuplements de certaines espèces fruitières d’Amazonie (Rival, 2006). L’absence de modification visible de l’environnement, preuve naturelle en Europe de la propriété, ne signifiait pas que les espaces en question n’étaient ni utilisés, ni répartis entre des groupes humains. Mais la subtilité des systèmes d’usage de l’espace ou de droits d’usage des ressources ne devait pas être pris en compte par les colons, trop pressés de s’approprier ce qui était, de leur point de vue, des « terres libres ». Il importe donc de regarder de près ce que sont ces espaces et leurs peuplements passés avant de le « naturaliser ».
Mais ces espaces sont aussi importants pour notre réflexion parce qu’ils reflètent pleinement un paradoxe qui est spécifique au continent américain par son ampleur : ils sont à la fois les frontières d’utilisation des ressources naturelles et les zones privilégiées pour la politique de création d’aires protégées. Les sociétés américaines y développent donc des politiques souvent antithétiques dans lesquelles les minorités peuplant ces espaces (85 % des aires protégées du sud du continent sont peuplées) détiennent aujourd’hui un pouvoir d’arbitrage important, bien qu’également ambigu, voire dangereux. Ainsi, même les peuples autochtones jouissant de territoires reconnus se trouvent sous la pression des compagnies minières ou pétrolières, comme c’est le cas au Nunavut.
De surcroît, autant que la pression sur les ressources ou sur l’espace, la question des infrastructures se pose de manière aiguë. Les gouvernements nationaux acceptent en effet parfois de négocier avec les populations locales à leur sujet, mais le plus souvent - au nom de l'intérêt général et du développement du pays -, ils souhaitent faire porter la discussion sur la question des compensations plus que sur la question de la construction en elle-même (voir par exemple le cas de la centrale électrique de Belo Monte, sur le fleuve Xingú ou celui de la route transocéanique au Pérou). Sur le plan pratique, les recherches de ce groupe s’appuient notamment sur l’ANR Duramaz 2 (Durabilité en Amazonie brésilienne) et ses prolongements.

 

SÉMINAIRES DE L'AXE

18/10/2013 - premier séminaire ( Compte rendu à télécharger en bas de cette page)

Le premier séminaire de l’axe de recherche du CREDA - Les grands espaces américains : Entre réorganisation agricole, protection et exploitation des ressources naturelles - aura lieu le vendredi  18/10 de 16 à 18h dans la salle B,  à l’Institut des Hautes Études de l’Amérique Latine – IHEAL. A cette occasion,  François-Michel Le Tourneau  (Directeur de recherche au CNRS) présentera un exposé intitulé : « La terre indigène Yanomami : constructions d’un territoire amérindien au Brésil ».
« On a souvent insisté sur le déclin des peuples amérindiens du Brésil, présenté comme inéluctable. Plus encore, on a longtemps insisté sur la désagrégation de ces sociétés, qui paraissait mécaniquement liée au contact avec les sociétés occidentales. Or, les années 2000 permettent de tirer un bilan bien différent. D’un côté, la lutte foncière menée par les groupes indigènes, relayée politiquement par le lobby indigéniste, a permis à nombre peuples amérindiens de s’assurer le contrôle de larges territoires qui les mettent à l’abri des expulsions et, conséquemment, de la perte des ressources économiques et sociales liées aux territoires traditionnels. D’un autre côté, une sorte de révolution copernicienne a eu lieu, dans laquelle on s’est mis à considérer les transformations sociales en cours au sein des groupes amérindiens non plus comme une dégénérescence, mais comme un processus d’adaptation à de nouvelles circonstances, phénomène partagé par toutes les cultures du monde, dominantes ou pas. Partant de là, nous pouvons considérer les Amérindiens actuels non plus comme des reliques d’un passé mystérieux mais bien comme des contemporains. C’est dans cette perspective que cet ouvrage a été écrit. Non pas pour présenter une étude de « ce qu’il reste » des Yanomami anciens ou de leur territoire, mais pour décrire la configuration spatiale actuelle d’un peuple qui, grâce à toute sorte de circonstances, a eu la chance de pouvoir survivre et de se définir aujourd’hui de manière autonome tant par rapport aux civilisations qui l’entourent que par rapport à son passé.
Mêlant l’histoire du temps présent et l’analyse géographique, son contenu cherche à apporter à tous ceux qui s’intéressent aux Yanomami et, au-delà, aux peuples amérindiens du Brésil, un ensemble solide de faits et de connaissances pour comprendre les succès et les défis qui attendent au XXIe siècle ce territoire immense et si particulier. »

Références :

Bates B.C., Kundzewicz Z.W., Wu S. and Palutikof J.P. (Eds.) (2008) Climiate Change and Water, IPCC Technical Paper VI, Genève: IPCC Secretariat, 210 pp.
Droulers M. (2009), “Le défi des biocarburants au Brasil”, L'Information géographique 73, pp. 82-97.
Cook K.H., Vizy E.K. (2008) “Effects of Twenty-First-Century Climate Change on the Amazon Rain Forest”, Journal of climate 21, pp. 542-560.
FAO (2005) Global Forest Resources Assessment 2005: Progress towards sustainable forest management, FAO Forestry Paper 147, Rome: FAO,
Fraser J.A. et Clement C.R. (2008) “Dark Earths and manioc cultivation in Central Amazonia: a window on pre-Columbian agricultural systems?”, Bol. Mus. Para. Emílio Goeldi. Ciênc. hum., vol.3, n°2, p. 175-194.
IWGIA (2011), The Indigenous World 2011, Copenhague: IWGIA, 551 p.
Malhi Y., Roberts J. T., Betts R. A., Killeen T. J., Li W., Nobre C. A. (2008) « Climate change, deforestation, and the fate of the Amazon », Science, n°319, p.169-172
Rival L. (2006) “Amazonian Historical Ecologies”, Journal of the Royal Anthropological Institute 12(s1), pp.79-94
Thompson I., Mackey B., McNulty S., Mosseler A. (2009). Forest Resilience, Biodiversity, and Climate Change. A synthesis of the biodiversity/resilience/stability relationship in forest ecosystems. Secretariat of the Convention on Biological Diversity, Montreal. Technical Series no. 43, 67 pages.
UNEP (2009), The Natural Fix?: The Role of Ecosystems in Climate Mitigation. United Nations Programme Environment for Development. 68 p.
Velut S. et Le Tourneau F.-M. (2011) « Les politiques et enjeux environnementaux » in Quenan C. et Velut S. (coords.) Les enjeux du développement en Amérique latine, Paris : AFD, pp. 321-368

 

15/11/2013 - Le deuxième  séminaire : Brésil, pays émergent et inégal: ce que nous enseigne la cartographie géographique

Hervé Théry, (directeur de recherche au CREDA, professeur associé à l’Universidade de São Paulo-USP, Co-directeur de la revue Confins et Directeur de l'OHM Oyapock).

  Pourquoi faire des cartes ?

• Pour identifier les structures et systèmes spatiaux.

• Pour mettre en évidence les différences, les disparités et les inégalités territoriales

• Pour projeter spatialement les relations sociales, économiques, culturelles, etc.

• Pour analyser les tendances dans le temps

Références :

- Théry, H., « Dieu est brésilien et le Brésil est le paradis des cartographes », in Bord, J.P. et Baduel P. R. (Ed.) Les cartes de la connaissance, 2004, Éd. Karthala/URBAMA, pp. 521-532.

- Théry, H., de Mello Théry N., Girardi E. et Hato J. Atlas do trabalho escravo no Brasil, Amigos da Terra Amazônia, 2012, 82 p.

 

13/12/2013 - Le troisième séminaire: Les paysages culturels du patrimoine mondial, entre nature et culture. Quelle place pour les "grands espaces"?

Elodie SALIN, Maître de Conférence en géographie
Université du Maine, Laboratoire Espaces et Sociétés (UMR ESO 6590 CNRS)
chercheur associé EIREST, Paris 1 Sorbonne

Les paysages culturels sont un type de bien à part dans la liste du patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO. Créés en 1992 suite à une évolution de la notion de patrimoine, ils répondent à un besoin croissant de marier les valeurs culturelles et naturelles dans la caractérisation des sites. Nous interrogerons, à l’aide d’exemples pris en Amérique latine et dans le monde, la concordance entre les paysages culturels inscrits et les territoires que l’on pourrait qualifier de « grands espaces » au sens de « nature spectacle » mais aussi en tant qu’"espaces vécus".  Au-delà de la « beauté naturelle » et de « l’importance esthétique exceptionnelle », c’est donc avant tout par son caractère « vivant » et par des critères culturels que l’on caractérise un paysage culturel à l’UNESCO. La frontière entre nature et culture, moins rigide qu’au  XXe siècle, semble assouplie et on assisterait à une percolation, au niveau institutionnel, entre les deux concepts. Pour en attester, on citera les exemples de requalification de biens naturels (comme Ayers Rock en Australie) vers des paysages culturels en reconnaissance du caractère sacré des paysages, de la place et du rôle des communautés dans l’entretien et la définition de ce dernier, du patrimoine immatériel, des savoir-faire...Les enjeux d'un classement UNESCO comme paysage culturel sont multiples et permettent à un paysage d’exister en tant que territoire. On interrogera ainsi le rôle des populations locales dans le portage des candidatures, leurs réactions face aux risques de touristification ou de sur-fréquentation, leur participation à l'obligation de gestion en lien avec le tourisme ou l'écotourisme... Les logiques d'appropriation des populations locales – et parfois de revendication-participent en effet à la définition des paysages culturels par le biais de la labellisation, dans une logique de plus en plus affirmée d'hybridation patrimoniale nature-culture des territoires habités classés.

 

31/01/2014 - "Appropriation des paysages bocagers par différentes catégories d'acteurs"

Florent KOHLER, Maître de conférences à l’Université de Tours. HDR Anthropologie.Laboratoire de Rattachement: CREDA (UMR 7227) CNRS-IHEAL Coordonne les programmes "Conditions socio-environnementales pour la réhabilitation de la biodiversité ordinaire" et "Sociabilités animales".

Notre communication, fondée sur les résultats du programme CLEVERT (http://www.iheal.univ-paris3.fr/fr/recherche/programme-clevert), explorera la notion de paysage "produit" comme l'est le bocage, par différentes catégories d'acteurs, entre une appropriation d'ordre naturel - la haie comme source de biodiversité - généralement du fait des populations rurbaines, et une appropriation d'ordre culturel - celle des agriculteurs, qui se perçoivent comme "producteurs de nature". Ce chevauchement semble récurrent, puisqu'il était au centre des conclusions de l'étude menée par l'équipe dans le jardin de la Fondation Cartier. Nous verrons que la frontière entre appréhension à travers l'esthétique et à travers l'idée de biodiversité ou de service écosystémique n'est pas claire, la protection d'un biotope particulier semblant devoir obligatoirement transiter par une appropriation culturelle.

 

14/02/2014 - « Educação no/do campo e as novas leituras do espaço rural no centro oeste do Brasil».

Walter Marschner , Professeur de l’Université Fédéral da Grande Dourados –UFGD Faculdade de Ciências Humanas – FCH, Brésil.

A educação do campo, enquanto política pública, já existe há mais de 10 anos no Brasil.  Na perspectiva dos movimentos sociais, caracteriza-se como um desdobramento das lutas por reforma agrária, construindo um conhecimento específico a partir do campo (acampamentos e assentamentos de reforma agrária, comunidades tradicionais, entre outros), e de suas populações. Na perspectiva do Estado busca-se dar resposta a uma dívida social de décadas com as populações do campo, ampliando a formação de camponeses em várias áreas de conhecimento acadêmico. O meu projeto de pós-doutorado busca sistematizar experiências em 3 programas de Educação do campo na região Centro Oeste do Brasil. Como parte do projeto, a presente comunicação pretende apontar indicadores de mudanças na percepção do espaço rural por parte destes atores e as consequências para projetos de desenvolvimento.

 

10/04/2015 - "Du « Rapport Berger » (1977) à l’ouverture de la mine de fer de Mary River (2015) : les habitants du Grand Nord canadien et l’exploitation des ressources naturelles

Béatrice COLLIGNONProfesseure des Universités, Spécialiste des Inuits à l'Université Bordeaux-Montaigne (Bordeaux III) UMR ADESS 5185

Résumé :

En 1974, le juge Thomas Berger est chargé par le Gouvernement Fédéral du Canada d’une enquête sur les conséquences économiques et sociales qu’aurait la construction d’un pipe-line le long de la vallée du Mackenzie (Mackenzie valley pipe-line project). Pour la première fois, les populations autochtones concernées par un projet d’aménagement touchant leurs territoires de vie (Indiens Dénés dans la partie sud de la vallée, Indiens Gwich’in et Inuit dans la partie nord) sont consultées. Le juge Berger organise des réunions publiques dans 35 villages autochtones, encourage la prise de parole des habitants… et conclut son rapport en recommandant l’abandon total du projet pour ce qui concerne un tracé passant par le territoire (montagneux) du Yukon, et un moratoire de 10 ans pour un tracé empruntant la vallée du Mackenzie . Le pipe-line ne sera pas construit. En juin 2015, la mine de fer de Mary River, au Nord de la Terre de Baffin, entrera dans la phase d’exploitation, selon les termes négociés avec le gouvernement du Nunavut, tandis qu’en 2008 les Inuvialuit ont donné leur accord pour la construction d’un pipe-line dans la vallée du Mackenzie.

En l’espace d’une quarantaine d’années, les positions autochtones, et plus particulièrement celles des Inuit, ont radicalement changé en matière de mise en valeur des ressources naturelles de leurs territoires. Cette communication se propose de faire, dans un premier temps, le point sur un changement qu’il faut appréhender en lien avec la réorganisation politique du Grand Nord canadien depuis les années 1990, et, dans un second temps, de proposer une réflexion sur ce que ces changements disent de l’évolution du rapport à l’espace et aux ressources naturelles des sociétés inuit du Canada.

Doc. annexe : l’Arctique canadien