Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
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Brésil : « le grand bond en arrière »

Brésil : « le grand bond en arrière »

Depuis la destitution de Dilma Rousseff, le gouvernement de Michel Temer conduit une politique qui mêle conservatisme, autoritarisme et corruption.

Par Luc Duffles Aldon, Juliette Dumont et Jânia Lopes Saldanha*
 

Publié dans Le Monde le 8 décembre 2016.

Le mardi 29 novembre, le Sénat brésilien a voté en faveur d’un amendement constitutionnel (PEC-55) plafonnant pour 20 ans les dépenses publiques. Alors que les sénateurs votaient, une manifestation d’étudiants se déroulant sur l’esplanade du Congrès était violemment réprimée par la police militaire. Au même moment, les députés adoptaient une série de dix mesures anti-corruption, vidées de leur substance et perçues comme une manière de se protéger des investigations liées aux dédoublements de l’Affaire Petrobras et de contre-attaquer un pouvoir judiciaire prompt à théâtraliser son action, à outrepasser ses prérogatives et à bousculer l’équilibre entre les pouvoirs. Une semaine plus tard, le Président du Sénat, Renan Calheiros (du Parti du mouvement démocratique brésilien, auquel appartient le président non-élu Michel Temer) est mis en accusation et écarté de ses fonctions par un membre de la Cour suprême (STF). La décision « monocratique » est refusée par le comité directeur du Sénat. Cet ensemble de faits en dit long sur l’état de la démocratie au Brésil, ébranlée depuis le coup d’État parlementaire maquillé en processus d’impeachment.

Revenons d’abord sur le plafonnement des dépenses publiques. Il pèsera avant tout sur les secteurs les plus vulnérables de la population brésilienne, affectant notamment les domaines de la santé et de l’éducation. Ce faisant, les parlementaires ayant voté le PEC-55 violent la Constitution de 1988, qui stipule que le budget annuel de l’éducation doit représenter...

Retrouvez l'intégralité de l'article en pièce jointe en bas de cette page et dans Le Monde

 

 

*Luc Duffles Aldon est membre du Mouvement démocratique du 18 mars ; Juliette Dumont est maître de conférence en histoire contemporaine à l'IHEAL CREDA et membre du MD18 ; Jânia Lopes Saldanha est professeure de droit à l'Universté de Santa Maria et professeure invitée à l'IHEAL.