Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
Centre de recherche et de documentation sur les Amériques

Le Brésil va-t-il basculer à l’extrême droite ?

Le Brésil va-t-il basculer à l’extrême droite ?

Contribution d'Hervé Théry pour L'Humanité, publiée le 23 octobre 2018

 

 

 

 

 

 

[Extrait]

INQUIÉTUDES AUTOUR DES PROPOS DE JAIR BOLSONARO. LA DÉMOCRATIE BRÉSILIENNE EST-ELLE EN DANGER ?

D’importantes manifestations dénoncent la menace fasciste au Brésil, fustigeant la violence de Jair Bolsonaro contre (notamment) la gauche, les femmes et les LGBT. Avec les contributions de Hervé Théry Directeur de recherche émérite au CNRS-Creda Professeur invité à l’université de Sao Paulo et Gérard Wormser Philosophe, éditeur, fondateur-directeur de Sens Public.

Le Brésil va-t-il basculer à l’extrême droite ?

Hervé Théry, Directeur de recherche émérite au CNRS-Creda Professeur invité à l’université de Sao Paulo

Bien que l’élection de Jair Bolsonaro au deuxième tour de l’élection présidentielle soit très probable (mais une surprise est toujours possible dans ce pays imprévisible), le Brésil ne deviendra pas pour autant un pays d’extrême droite. Il a certes multiplié les déclarations racistes, sexistes et homophobes et ne cache pas sa nostalgie de la dictature militaire (1964-1985), et après avoir été vigt-sept ans député, il a émergé de l’obscurité lors de la destitution de Dilma Rousseff, en dédiant son vote à la mémoire de l’un des pires tortionnaires de cette période. Mais l’explication la plus plausible de son succès ne tient pas à un subit virage à droite d’un pays qui, lors des quatre dernières élections présidentielles, avait élu des présidents de gauche. Il tient pour l’essentiel à un rejet massif, dans une bonne partie de l’opinion, du PT (Parti des travailleurs), dont le passage au pouvoir a été marqué par un reniement de ses promesses et un recours systématique à la corruption. Ne pas engager de réformes structurelles lui a aliéné son aile gauche et la corruption lui a fait perdre le respect de la classe moyenne, très attachée aux valeurs d’honnêteté et de mérite que le parti mettait en avant quand il était dans l’opposition.

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