Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
Centre de recherche et de documentation sur les Amériques

L'Amérique Latine et l'après cycle des commodités : une évaluation critique

 

 

Cahiers des Amériques latines

L'Amérique latine et l'après cycle des commodités : une évaluation critique

Appel à contribution d'articles ouverts

L'appel est également disponible en anglais et en espagnol

 

Dossier coordonné par Vera Chiodi (IHEAL – Sorbonne Nouvelle) & José Miguel Ahumada (Instituto de Estudios Internacionales de la Universidad de Chile)

 

Date limite de réception des articles : 30 novembre 2020
Publication prévue en novembre 2021

 

 

 

Contexte

À la fin des années quatre-vingt-dix, suite à l’impact de la crise asiatique, l’Amérique latine connaît un lustre de stagnation économique. Cette crise exogène touche une région déjà frappée par de nombreux problèmes structurels. En premier lieu et comparativement à d’autres régions, les inégalités et le travail informel sont élevés, dans certains cas, ils augmentent [Acosta & Montes-Rojas, 2014]. En second lieu, alors que toute la région subit une désindustrialisation intense, les grandes entreprises se consacrent massivement à l’exportation de ressources naturelles ou bien fournissent de la main-d’œuvre [Ffrench-Davis, 2005 ; Stallings & Peres, 2000].

La crise asiatique exacerbe des problèmes déjà aggravés par le consensus de Washington et c’est dans cette conjoncture critique que différentes stratégies de développement voient le jour. Les changements de gouvernement au Venezuela, en Bolivie, au Brésil et en Argentine modifient sensiblement la structure politique régionale. La région perd effectivement son ancienne homogénéité en termes de modèles de développement et des gouvernements nationaux populaires alternent désormais avec des gouvernements à la stratégie néolibérale [Kingstone, 2011].

C’est dans ce contexte qu’au même moment un nouveau choc exogène plutôt bénéfique pour la région se fait sentir : le boom de la demande de commodities de la part de la Chine. L’industrialisation accélérée de la Chine, basée sur la diversification de ses exportations, ajoutée à une ascension rapide des chaînes de valeur provoque la demande d’une série de produits et ressources naturelles que l’Amérique latine possède. Ainsi, le pétrole du Venezuela et de l’Équateur, le soja du Brésil, d’Argentine et d’Uruguay, le cuivre du Chili et du Pérou voient leur prix augmenter de manière soutenue en raison du boom de la demande, ce qui permet à la région de mettre fin à la stagnation antérieure, de croître économiquement et, grâce aux nouvelles ressources publiques, de réduire des inégalités endémiques [Bértola & Ocampo, 2012, Ariza & Montes-Rojas, 2019] et la pauvreté [Chiodi, 2012] avec plus ou moins de succès.

Cependant, cette nouvelle croissance due à la demande grandissante de ressources naturelles contribue à approfondir les tensions de la période précédente. Converti en un modèle d’expansion extractiviste, ce modèle d’exportation génère de nouvelles protestations locales et de la part des indigènes qui réclament la dé-mercantilisation des terres et la protection des cultures menacées par cette expansion [Gudynas, 2009]. De son côté, le commerce avec la Chine accélère la désindustrialisation régionale, alors que différents gouvernements augmentent leurs dépenses en supposant de manière irréaliste que les cours leur seront toujours favorables. S’il est vrai que les avancées sociales de la région connaissent une amélioration substantielle par rapport à la période précédente, la soutenabilité des résultats commence à être remise en question de plus en plus fréquemment [Gallagher, 2016].

 

Projet de dossier

Dans les années quatre-vingt-dix, l’application des mesures du consensus de Washington qui s’inscrit dans une situation sociale et économique déjà fragile, suivie par les répercussions de la crise asiatique, puis la fin du boom des prix des commodities vers 2014 sont autant de facteurs qui ouvrent la porte à une nouvelle période d’incertitudes régionale. Les anciens paradigmes de développement sont remis en question et de nouvelles tensions régionales surgissent.

 

Quelle a été la réaction face à l’après boom des commodities au niveau régional ?

Quel effet a produit la décélération ou la chute du prix des commodities sur la croissance, les inégalités ou l’informalité en Amérique latine ?

Quelles sont les nouvelles problématiques qui ont émergé ? Plus particulièrement : quel est le lien entre la détérioration des échanges commerciaux et l’émergence de gouvernements dont l’orientation politique diffère de ceux de la décennie précédente ?

Quels problèmes anciens se sont accentués ?

Qu’est-ce qui limite le développement extractiviste dans la région ?

Comment développer à l’avenir un modèle efficace qui tienne compte à la fois des politiques macroprudentielles tout en minimisant les risques associés au prix des commodities ?

Quelles politiques industrielles, commerciales et financières pourraient être appliquées pour modifier la structure de production ? En particulier, y a-t-il des cas qui pourraient servir d’exemple à la région ?

 

Avec ce dossier thématique, nous souhaitons apporter quelques réponses à ces questions et aborder les multiples conséquences provoquées par ce choc exogène dans la région (même celles liées à la crise sanitaire actuelle). Les impacts sociaux, politiques et économiques sont abordés selon différentes grilles d’analyse (locales, nationales, supranationales). Ainsi, ce numéro propose une lecture pluridisciplinaire de la situation régionale aujourd’hui, ouvre un espace critique pour évaluer le panorama actuel et proposer différentes sorties de crise.

 

Modalités de soumission

Les contributions s’appuieront sur un travail de terrain inédit. Les articles peuvent être soumis en français, espagnol ou anglais. Ils devront contenir les informations suivantes :

 

– nom, prénom ;

– université ou laboratoire de rattachement ;

– présentation en 3-4 lignes : court CV avec adresse e-mail ;

– titre de l’article en 3 langues (fr, en, es ou pt) ;

– l’article de 50 000 signes (espaces, notes, bibliographie incluse)

– le résumé et 5 mots-clés en 3 langues (fr, en, es ou pt).

 

Informations pratiques

Le comité de rédaction de Cahiers des Amériques latines informera de l’acceptation ou non des propositions dans les meilleurs délais.

Les articles devront être envoyés à l'adresse suivante : cal98commodities@gmail.com pour le 30 novembre. Ils seront soumis à évaluation en double aveugle.

La publication du dossier est prévue pour novembre 2021.

Merci de bien vouloir consulter les instructions aux auteur-e-s : https://journals.openedition.org/cal/2324

 

Les articles ne répondant pas à ces instructions ne pourront être pris en compte.