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Appel à communications – Atelier doctoral RT9
Appel à communications – Atelier doctoral RT9
https://rt9-afs-ad2019.sciencesconf.org/
Les frontières dans la fabrique de l’espace
Effets, processus et enjeux pour la recherche en sciences sociales
Argumentaire
L’atelier doctoral du RT9 est ouvert à tou.te.s les doctorant.e.s intéressé.e.s par les dimensions territoriales et urbaines des études sociologiques, quel que soit leur objet de recherche et l’état d’avancement de leur thèse. Il est organisé en autogestion chaque année depuis 2010 par un comité ad-hoc de doctorant.e.s et soutenu par un comité scientifique d’enseignant.e.s chercheur.se.s confirmé.e.s.
L’atelier constitue un espace d’échanges, de travail et de débats sur l’ensemble des questions mettant en jeu la dimension spatiale des rapports sociaux. Il offre en outre une plateforme de soutien aux doctorant-e-s dans la construction de leurs réseaux de recherche. Dans cette optique, neuf journées d’étude ont été organisées depuis décembre 2010 par des doctorant.e.s du RT9 durant lesquelles leurs participant.e.s ont pu présenter leur travail et leurs questionnements à d’autres doctorant.e.s, ainsi qu’à des chercheur.se.s confirmé.e.s.
L’argumentaire de cet appel à communications n’est pas exhaustif : des propositions portant sur d’autres questionnements en lien avec la thématique retenue peuvent être soumises. Par ailleurs, des travaux s’inscrivant dans d’autres perspectives disciplinaires comme la géographie, l’anthropologie, l’urbanisme et l’architecture sont également les bienvenus.
Introduction
Au coeur de questions spatiales, politiques et économiques, la frontière est un objet qui concentre une multitude de tensions sociales, et ce à toutes les échelles. Omniprésente, elle est un espace de relations protéiformes mobilisant différentes catégories d’acteurs (habitants, responsables politiques, entrepreneurs, urbanistes…). Cet atelier doctoral a pour objectif d’étudier les enjeux sociaux liés à l’existence ou à la (dé)construction de frontières dans l’espace. Dans la perspective d’Henri Lefebvre (1974) nous nous intéresserons ici aussi bien aux frontières de l’espace perçu, c’està- dire de la réalité quotidienne (déplacements) et urbaine (réseaux de transports), de l’espace conçu, celui des planificateurs et des urbanistes, et de l’espace vécu, au travers des images des habitants ou des artistes qui le décrivent. Les communicant.e.s sont invité.e.s à envisager les frontières spatiales comme des systèmes de représentations et de significations. Dans cette optique, cette journée sera l’occasion de questionner les valeurs de frontières matérielles mais aussi symboliques, qu’elles soient créées, subies ou choisies, tout en soulignant les enchevêtrements d’acteurs qui y trouvent ou cherchent une place.
Les communications pourront adopter des perspectives synchroniques ou diachroniques, soulignant des ruptures et des continuités dans la fabrique des frontières. Les travaux portant sur des frontières passées ou actuellement en construction seront les bienvenus (on peut penser, par exemple, aux troubles actuels existant entre l’Eire et l’Irlande du Nord). Par ailleurs, une attention particulière sera portée à la diversité des échelles étudiées pour la structuration de la journée. Aussi, les communications proposées pourront aborder les frontières d’un point de vue national ou international mais également analyser des frontières opérant à l’échelle de la ville, du quartier, de la rue ou même du logement. Enfin, la journée ayant pour objectif de faire dialoguer les espaces de recherche, les communications évoquant les espaces urbains, périurbains mais aussi ruraux sont tout à fait indiquées.
Axe 1 - Effets de frontières
Dans ce premier axe, seront privilégiés les travaux visant à analyser, à partir de cas empiriques, les effets (sociaux, économiques, politiques et spatiaux) de frontières instituées, ainsi que les contraintes et opportunités qu’elles représentent. Si les frontières limitent la mobilité des personnes, engendrant une violence sociale et physique parfois extrême, elles peuvent également constituer, pour les individus en mesure de les traverser, des opportunités d’améliorer leur situation (professionnelle, économique, résidentielle…). Ces questions peuvent être explorées par le biais d’enquêtes portant sur des groupes sociaux (re)définis par ces passages de frontières, comme les travailleurs transfrontaliers (Hamman, 2006) ou les citadins de classe moyenne qui partent s’installer « de l’autre côté du périph’ » (Collet, 2015 ; Charmes, Launay, Vermeersch, 2019). Les propositions analysant conjointement les effets sociaux « de part et d’autre de la frontière », dans les territoires d’origine et de destination de ceux qui la franchissent ou tentent d’y parvenir, seront valorisées. Un intérêt particulier sera également porté aux communications attentives aux interactions entre rapports de genre, classe et race qui prennent forme dans ces processus.
Mais les frontières conditionnent aussi la circulation des biens et des capitaux. Dans quelle mesure et de quelles manières la régulation et l’orientation des flux s’opère-t-elle autour des frontières ? Au bénéfice de quels territoires, de quels acteurs ou groupes sociaux ? Si certains partis politiques font du durcissement des frontières la condition nécessaire à la mise en oeuvre de politiques publiques réellement opérantes, d’autres pointent au contraire l’inadéquation des découpages politiques et administratifs de l’espace pour répondre à des défis tels que la globalisation économique mais aussi le réchauffement climatique ou encore la métropolisation. Au-delà des discours politiques, quels sont les effets des frontières sur la conduite de l’action publique (Delmotte & Duez, 2016) ? On pourra, enfin, s’intéresser aux effets des frontières sur la matérialité des espaces. Donnant à lieu à des implantations industrielles (telles les maquilladoras à la frontière Mexique-Etats-Unis), commerciales ou de loisir (tels les casinos à la frontière franco-allemande), à la construction de murs ou d’infrastructures de transport, elles transforment les paysages et les conditions d’occupation et de circulation au sein des espaces qu’elles définissent.
Les propositions d’ordre méthodologique et épistémologique, s’intéressant aux effets de frontières dans le travail du chercheur en sciences sociales, sont également les bienvenues. On peut s’interroger d’une part sur les effets pratiques des frontières dans la conduite de la recherche. Quelles difficultés particulières le chercheur rencontre-t-il quand il doit mener son enquête de part et d’autre d’une frontière, ou sur la frontière elle-même ? Quelles méthodologies spécifiques peuvent être déployées ? On peut également questionner les enjeux liés au fait de travailler avec des données basées sur des frontières produites par d’autres. Dans quelle mesure, par exemple, les cartes influencent-elles notre perception des frontières ? Alors que l’Etat est le premier producteur de cartes (Lacoste, 1976), d’autres frontières ne peuvent-elles pas être rendues visibles par le recours, par exemple, aux cartes cognitives (Haas, 2004) ou à des méthodologies de cartographie collaborative ? Quels apports, quels usages, quelles limites sont à envisager ?
Axe 2 - Faire et défaire les frontières
Ce second axe invite à s’intéresser aux processus de construction et de déconstruction des frontières, à leur mise en oeuvre et à leur réception, entre acceptation, contournement et résistances. L’attention sera ici portée tant aux pratiques qu’aux représentations sociales des acteurs qui donnent formes et (non)sens aux frontières. Nous proposons ici de travailler la frontière sous deux aspects. D’une part, la frontière entendue comme construction matérielle et/ou physique. Comment la matérialité urbaine peut-elle instituer des frontières dans l’espace ? Les propositions pourront par exemple porter sur des éléments matériels micro-situés, comme des panneaux d’interdiction d’accès ou des barrières (Charmes, 2005). Des regards portés sur la construction d’une « ambiance » pourront également s’inscrire dans cet axe, afin de voir comment des atmosphères peuvent participer à la constitution de frontières, créant des environnements différenciés (Thibaud, 2015). Mais la frontière peut d’autre part être entendue comme construction symbolique. Comment les individus, de manière consciente ou non, construisent des frontières symboliques dans l’espace ? Les propositions pourront porter sur des processus tels que les « Murs invisibles » (Di Méo, 2011) perçus par certains acteurs dans leur pratique de la ville, les logiques d’exclusions et les stratégies d’évitement, marquant des frontières dans l’espace (Paugam et al., 2017 ; Pinçon et Pinçon-Charlot, 2007). Elles pourront interroger la logique de performativité qui sous-tend ces processus, tant “dire la ville est faire la ville” (Fijalkow, 2017).
Si les frontières peuvent être instituées, construites, elles peuvent également être contournées, détournées et remises en question. Dans cette perspective, les propositions pourront porter sur des conflits de proximité déclarés, des négociations plus informelles, des contournements quotidiens sous forme de bricolages et de tactiques ou encore des politiques publiques (cartes scolaires, création de nouvelles zones métropolitaines ou régionales...), qui remettent en question des frontières a priori instituées. Quels sont les groupes mobilisés ? Quelles sont les registres de légitimation employés ? Quelles formes ces remises en cause prennent-elles dans les lieux ? Cet axe pourra également amener à s’intéresser à la négation du pouvoir de stigmatisation de certains espaces, dont les frontières construites et intériorisées par ceux qui vivent en dehors de ces espaces peuvent être considérées comme inopérantes ou détournées. Autrement dit, comment des catégorisations et stigmatisations d’espaces (considérés comme « difficiles », « inhospitaliers » ou même comme « dangereux » - à travers différents discours, véhiculés par les médias ou, des acteurs politiques) sont renégociées par leurs habitants ? (Kirkness et Tije-Dra, 2017).
Ici encore, les réflexions méthodologiques et épistémologiques seront les bienvenues, au même titre que les études de cas. Comment et par quelles frontières le chercheur délimite son terrain d’étude ? Quels critères entrent en compte ? Quels choix sont faits par le chercheur et que font-ils aux types de données recueillies ? Quels biais sont alors à considérer ? Les réflexions pourront porter sur des terrains délimités (Mazzella et Fournier, 2004), ou qui résistent au contraire à l’exercice de la délimitation (Lallement, 2010).
Bibliographie
(Cf. : Document ci-dessous)
Format des rencontres
Cette journée d’étude du RT9 se déroulera sur une seule journée autour de plusieurs interventions thématiques sélectionnées par le comité scientifique. Cette rencontre est une opportunité tant pour présenter l’avancement de travaux de recherche qu’exposer des résultats. La journée d’étude est donc ouverte aux doctorants – et aux docteur-e-s –, quel que soit leur niveau d’avancement.
Informations pratiques
Date : 11 octobre 2019
Lieu : Centre Maurice Halbwachs 48 Boulevard Jourdan, 75014 Paris
Modalités de propositions
Les propositions de communication comprendront :
- Un résumé de 3500 signes (maximum, espaces compris) précisant le terrain d’enquête et la méthode utilisée, ainsi que la problématique et l’approche théorique.
- L’inscription de la présentation dans un des axes thématiques.
- La précision d’information concernant les auteurs : nom, coordonnées complètes et affiliation institutionnelle.
Elles seront transmises au plus tard le 18 mai 2019 sur la plateforme SciencesConf qui sera diffusée prochainement. Pour toute question, veuillez nous contacter à l’adresse suivante : atelierdoctorantsrt9@gmail.com
Calendrier
Lancement de l’appel à communication : 18 mars 2019
Date limite de soumission des contributions : 18 mai 2019
Réponse du comité scientifique et sélection des communications retenues : 28 juin 2019
Envoi des résumés (entre 15 000 et 20 000 signes) : 11 septembre 2019
Journée doctorale RT9 : 11 octobre 2019
Comité d’organisation
CARO Mathilde (EHESS, CMH)
CHERUBIN Audrey (Université Paris 3, CREDA)
GUERIN Laura (Université Paris 8, CRH-LAVUE)
SPOR Marine (Université Libre de Bruxelles, SASHA)
Comité scientifique
BACKOUCHE Isabelle (EHESS, CRH)
CLEMENT Garance (EPFL, Lasur)
DELMOTTE Florence (Université Saint-Louis, CReSPo)
DUEZ Denis (Université Saint-Louis, CReSPo)
ENDELSTEIN Lucine (CNRS, LISST)
GIRAUD Colin (Université Paris Nanterre, CRESPPA-CSU)
GHORRA GOBIN Cynthia (Université Paris 3, CREDA)
HAAPAJARVI Linda (EHESS, CMH)
LE TOURNEAU François Michel (Université Paris 3, CREDA)
MARTIN Elsa (Université de Lorraine, 2L2S)
SCHAUT Christine (Université libre de Bruxelles, SASHA)
TOPALOV Christian (EHESS, CMH)
TISSOT Sylvie (Université Paris 8, CRESPA)
VORMS Charlotte (Université Paris 1, IUF)