Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
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Che Guevara : une autre géographie de la guerre froide

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Che Guevara : une autre géographie de la guerre froide
Tribune d'Olivier Compagnon publiée dans Libération, le 8 octobre 2017
 

[Extrait]

Il y a cinquante ans mourait le Che. Icône de la culture de masse consumériste et mondialisée, il incarne les années 60 où enfin le Sud entrait en scène.

En organisant le défilé de la collection Croisière 2017de Chanel à La Havane le 3 mai 2016, Karl Lagerfeld a apporté à l’historiographie de la révolution cubaine et aux biographes d’Ernesto Guevara de la Serna, sempiternellement partagés entre les «pro» et les «anti», une contribution majeure et définitive.

Que nous disent le béret néoguévariste pailleté et la veste kaki façon guérillero, marqués des deux «C» entrecroisés pour mieux être vendus dans les ghettos chics des villes-monde, qui furent présentés sur le Paseo del Prado en présence de la jet-set internationale, sur fond de mambos surannés qui fleuraient bon les années où Cuba était le bordel des Etats-Unis et sous les acclamations de milliers de Havanais ? Que l’heure n’est définitivement plus à trancher entre le jeune étudiant en médecine nourri d’humanisme et le révolutionnaire impitoyable prompt à faire fusiller le premier traître venu. Entre le barbudo romantique, un peu futile, amateur de femmes et de cigares, énième déclinaison du latin lover, et le commandant de la huitième colonne - ¡ Hasta siempre, Comandante ! - dur au mal et autoritaire qui prit la ville de Santa Clara le 29 décembre 1958. Entre celui qui, ontologiquement épris de liberté, quitta en 1965 une Cuba castriste en voie de soviétisation pour libérer d’autres continents d’autres jougs et le théoricien méthodique du foco révolutionnaire qui mit l’Amérique latine des années 60 et 70 à feu et à sang. Entre la gueule d’ange de Gael García Bernal (Carnets de voyage, Walter Salles, 2004) et la virilité un peu trop brutale de Benicio del Toro (Che, Steven Soderbergh, 2008).

 

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