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Communication de l'IHEAL Ã propos de "Bienvenue en France"
Communication de l'IHEAL Ã propos de "Bienvenue en France"
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Nous, étudiant·e·s, professeur·e·s et membres du personnel administratif de l’Institut des Hautes Études de l’Amérique latine (IHEAL) de l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, sommes très préoccupé·e·s par l'annonce du Premier Ministre Édouard Philippe, le lundi 19 novembre 2018, d’augmenter les frais d’inscription à l’université pour les étudiant·e·s extra-communautaires. C’est pourquoi nous nous adressons aujourd’hui à vous, représentant·e·s de la nation, afin de vous enjoindre de prendre position sur cette question.
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Nous joignons ainsi notre voix à celle d’autres instances reconnues, dont la Conférence des Présidents d’Université (CPU), qui a expressément demandé à la Ministre Frédérique Vidal de suspendre cette hausse des frais, tandis que nombre d'instances démocratiques au sein des universités françaises réclament la suppression de cette mesure jugée injuste, contre-productive, inefficace et dangereuse.
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Injuste, en ce qu’elle remet profondément en cause la conception universaliste de l’université publique française : en augmentant ainsi les frais d’inscription, écartant les moins fortuné·e·s et ciblant certains pays plus que d’autres, elle instaure une discrimination inacceptable et fait le jeu des discours de repli qui conforte un nationalisme agressif.
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Contre-productive, car bien loin de favoriser l’attractivité de l’enseignement et de la recherche française à l’international, elle nous apparaît en totale contradiction avec le programme « Bienvenue en France » dans lequel elle s’inscrit, l’augmentation du nombre de bourses proposée par le Premier Ministre en compensation s’avérant dérisoire (21 000 bourses en tout et pour tout) comparé au nombre d’étudiant·e·s étranger·e·s souhaité à l’horizon 2027 (500 000 étudiant·e·s).
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Inefficace, si son but est de pallier le manque de moyens dont pâtissent depuis une dizaine d’années les universités ; à moins que la prochaine étape ne soit la hausse généralisée et véritablement conséquente des frais d’inscription pour tou·te·s les étudiant·e·s, c’est-à -dire le renoncement à une université ouverte et accessible à tou·te·s, à une conception de la production et de la transmission du savoir qui en refusait jusqu’ici la marchandisation. En outre, cette mesure n’est pas justifiée sur le plan économique (selon une enquête de Campus France, les étudiant·e·s étranger·e·s rapportent déjà plus qu’ils ou elles ne coûtent : 4,65 milliards de recettes contre 3 milliards de dépenses pour l’État) et se fonde sur un présupposé associant le bas niveau des coûts d’inscription au bas niveau des étudiant·e·s et, insidieusement, à la médiocrité des cours dispensés ; argumentaire contestable et contesté par de nombreuses études. Or la France est la quatrième destination du monde pour les étudiant·e·s étranger·e·s (et la première non anglophone), éminemment reconnue pour la qualité de sa recherche.
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Dangereuse, enfin, dans la mesure où cette décision met à mal la coopération universitaire entre la France et plusieurs régions du monde, dont l’Afrique mais aussi l’Amérique latine. À l'IHEAL, nous sommes bien placé·e·s pour savoir à quel point cette coopération est riche et féconde, permettant de conjuguer au présent une histoire d’échanges et d’amitié plus que centenaire, tout en assurant à la France une présence aussi bien intellectuelle que culturelle dans la région. Faut-il rappeler l'atout que représente le fait de former, en français, des étudiant·e·s de milieux socio-économiques divers ? Ces dernier·e·s, qu’ils ou elles restent en France, notamment comme chercheurs et chercheuses, ou la quittent à la fin de leurs études tout en continuant d’en véhiculer les valeurs, contribuent à faire de l’université française un creuset d'énergies attractif et productif. Dans les deux cas, ces étudiant·e·s apportent autant à la France que ce que celle-ci leur donne.
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Ainsi, à l’IHEAL, où plus de 30% des étudiant·e·s sont d’origine étrangère hors Union Européenne, nous saisissons avec acuité la catastrophe que représente la mise en œuvre de cette mesure. Elle est d’abord d’ordre intellectuel et institutionnel, mais elle portera aussi préjudice aux relations entre l’Amérique latine et la France. Le cas de l’IHEAL n’est pas isolé ; il permet simplement de donner à voir l’impact de cette décision sur des dizaines d’établissements de l’enseignement supérieur et sur des milliers d’étudiant·e·s étranger·e·s désormais privé·e·s de perspectives dans notre pays. En Amérique latine, la fermeture des portes de l’université française résonne comme une très mauvaise nouvelle pour celles et ceux qui défendent la démocratie et voient encore la France comme leur alliée naturelle, notamment parce que celle-ci s'est donnée pour vocation de porter les principes de l’égalité et de l'universalité.
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À tous égards, cette décision apparaît comme une erreur qu’il est indispensable de corriger. Par la présente lettre, nous espérons, vous avoir convaincu de la nécessité de contribuer à révoquer une mesure qui constitue une atteinte aux principes fondateurs de l’université française autant qu’à l’image de la France à l’international.
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Les étudiant·e·s, enseignant·e·s et personnels administratifs de l'Institut des Hautes Études de l'Amérique Latine.