Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
Centre de recherche et de documentation sur les Amériques

Communiqué de l'IHEAL-CREDA

Communiqué des enseignant.e.s chercheur.e.s, chercheuses, chercheurs et représentant.e.s étudiant.e.s de l’Institut des Hautes Etudes de l’Amérique latine (Université Sorbonne Nouvelle ) et du Centre de Recherche et de Documentation des Amériques (CREDA UMR 7227, Université Sorbonne Nouvelle / CNRS) - Le lundi 23 novembre 2020

 

Nous, enseignants-chercheurs, enseignantes-chercheuses et représentant.e.s des étudiants de l’Institut des Hautes Études de l’Amérique latine (Université Sorbonne Nouvelle), chercheuses, chercheurs et représentants des doctorant.e.s du Centre de Recherche et de Documentation des Amériques (CREDA UMR 7227, Université Sorbonne Nouvelle / CNRS), sommes tous sidérés de la violence ignoble qui s’est abattue sur Samuel Paty et les trois victimes de la basilique Notre-Dame de Nice ces dernières semaines. Personne, de fait, ne peut s’arroger le monopole du rejet qu’elle suscite. Mais nous sommes aussi effarés devant la montée, au sein même de notre gouvernement, d’une rhétorique de « sécurité nationale » désignant et stigmatisant des ennemis de l’intérieur; rhétorique qui accompagne un contrôle accru sur nos établissements d'enseignement supérieur, par les modes de financement ou le cadre législatif.

 

Dans le contexte actuel de tensions sécuritaires et sanitaires, nous considérons que l’université et la recherche sont des remparts face aux violences et qu’elles constituent des espaces de production et de transmission de connaissances, de débats et de construction de la critique, loin des anathèmes et de la haine. Notre tâche est de restituer, pour mieux les analyser et les discuter, tous les courants de pensée qui parcourent divers espaces académiques. Ne pas le faire reviendrait à couper nos étudiants et nos recherches des débats contemporains, à faillir à l’une de nos missions essentielles et à céder à un ethnocentrisme incompatible avec l’exercice de nos métiers. Nous promouvons sans cesse le débat d’idées, la compréhension et le décryptage du monde contemporain pour faire vivre pleinement la démocratie, tout en ayant une pleine conscience de notre qualité de fonctionnaires servant l’État et faisant respecter les valeurs de la République.

 

Or, c’est précisément dans ce contexte que l’Assemblée Nationale puis le Sénat et la commission mixte paritaire ont adopté le projet de Loi de Programmation pour la Recherche (LPR). Celui-ci  met à mal notre capacité à exercer nos métiers, en transformant les modes de financement de la recherche et les carrières des enseignant.e.s-chercheur.seuse.s et chercheur.seuse.s. La priorité donnée aux financements sur projet réduit considérablement les ressources propres et structurelles des centres de recherche tout en fléchant davantage les thématiques de recherche. La suppression d’instances collégiales telles que le Conseil National des Universités (CNU) pour le recrutement des professeur.e.s des universités et pourles « chaires juniors » nous écarte progressivement de la gestion et du contrôle des carrières dans l’enseignement supérieur et la recherche. Enfin, la précarisation des métiers de la recherche via - entre autres - la création des « CDI de mission » porte atteinte à l’exercice serein de la réflexion intellectuelle.

 

Ces deux points, désignation de « complices » de l’islamisme politique au sein de l’université et modifications structurelles des modes de fonctionnement et de financement de la recherche portent directement atteinte à l’indépendance et aux libertés académiques. Nous affirmons le besoin de réaliser notre travail de chercheur.e.s de manière indépendante: sans fléchage systématique des appels à projets, avec des moyens financiers pérennes, et en dehors des contingences et agendas politiques.

 

Vote électronique à la majorité tenu entre le 16 et le 18 novembre 2020.