Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
Centre de recherche et de documentation sur les Amériques

L'Uruguay, une nation d'Extrême-Occident au miroir de son histoire indienne

 

Darío Arce Asenjo, ancien étudiant de l’IHEAL et docteur en anthropologie de l’université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, a remporté le prix Andrzej Dembicz pour la meilleure thèse doctorale sur l’Amérique latine et les Caraïbes pour sa thèse intitulée L’Uruguay, une nation d’Extrême-Occident au miroir de son histoire indienne.

 

 

Résumé :

“L’État uruguayen, que cela soit au niveau politique comme académique, nie l’existence de groupes autochtones sur le territoire national, estimant que les Guaraníes, Chanaes et surtout Charrúas ont disparu. Cependant, certaines pratiques culturelles montrent l’existence d’un héritage métis. De nombreuses familles ont une origine indienne qui a souvent été occultée, ce que de récentes études en anthropologie biologique ont démontré.

Dans un pays dont la première opération militaire importante devait conduire à l’élimination des Charrúas en 1831, la figure de celui-ci, que ce soit comme « bon » ou « mauvais » sauvage, conserve une place importante. Évacué des origines de la population, il est néanmoins ressuscité lorsqu’il s’agit d’invoquer un esprit rebelle et sauvage. La littérature et les arts visuels de la fin du XIXème ont ainsi créé un Indien romantique qui réapparaît avec force lors des matches de football de la sélection nationale qui en appelle à la « Garra Charrúa ».

À partir de la deuxième moitié des années 1990, des groupes indigénistes surgissent pour revendiquer une indianité uruguayenne. Apparus au lendemain de la dictature militaire, ils s’inscrivent aussi bien dans un mouvement mondial de revendications ethniques que dans le reflet d’un oubli volontaire plus récent de l’histoire uruguayenne dite récente : l’amnistie des crimes commis par le régime entre 1973 et 1985. En 2002, les restes du Cacique Vaimaca Perú, qui ayant survécu aux campagnes de « pacification » avait été conduit à Paris en 1833 pour y être exhibé en compagnie de trois autres Charrúas, furent rapatriés à Montevideo. Enterré au Panthéon National, cet événement illustre toute la complexité de la relation à l’Indien, mais aussi de la construction de l’identité nationale.

Ce travail porte sur l’Indien « Charrúa » comme système de représentations dans sa relation à la société uruguayenne toute entière. Il aborde ces problématiques à travers trois champs : celui de l’étude du corpus écrit sur le thème « Charrúa », celui de la mémoire orale sur la généalogie Indienne et celui du travail des groupes indigénistes. Fruit d’une approche à la fois historique et ethnographique, cette thèse vise à penser les oppositions mais aussi les relations entre mémoire et histoire, dans le cadre de constructions identitaires du XXIème siècle.”

Darío Arce Asenjo

 

Le prix Andrzej Dembicz est décerné chaque année au lauréat de la meilleure thèse sur l’Amérique latine et les Caraïbes. Il est organisé par la Fondation Professeur Andrzej Dembicz et le Conseil Européen de Recherches sociales en Amérique latine (Consejo Europeo de investigaciones sociales de América Latina - CEISAL).

 

Retrouvez une grande partie de la thèse de Darío Arce Asenjo aux éditions L'Harmattan.

 

Article associé : Ganador 2019: Premio Profesor Andrzej Dembicz para la mejor Tesis Doctoral sobre América Latina y el Caribe


© IHEAL-CREDA 2019 - Publié le 31 mai 2019 - La Lettre de l'IHEAL-CREDA n° 30, juin 2019.