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Soutenance de thèse Elise Gadéa, le jeudi 30 janvier 2020
Le 30 janvier 2020 à 14h en salle Athéna, à la maison de la recherche, 4 rue des Irlandais (75005 Paris) Elise Gadea a soutenu sa thèse. Intitulée Le pluralisme juridique à l’épreuve des pratiques communautaires en Bolivie, Politiques d’administration de la "justice indigène originaire paysanne", cette thèse a été réalisée au CREDA (IHEAL), sous la direction de Franck Poupeau.
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Résumé :
Depuis plusieurs décennies en Amérique latine, les luttes des peuples indigènes pour faire accepter et reconnaître leurs cultures propres, se sont orientées vers des demandes politiques et juridiques. Le rôle des alliés politiques de ces peuples dans l’émergence de cette requête a été déterminant.
Le cas de la Bolivie constitue un cas exemplaire des luttes indigènes, avec une proportion importante de sa population s’auto-identifiant à des groupes ethniques, ainsi qu’avec l’arrivée au pouvoir du « premier paysan indigène » du pays, Evo MORALES, en 2005. La Constitution Politique de l’État Plurinational de Bolivie approuvée en 2009, valorise les droits collectifs et culturels, promeut la reconnaissance des traditions et des savoir-faire indigènes, en particulier au niveau de l’application de la justice. Néanmoins, les préceptes constitutionnels promulgués en 2009 relatifs à la justice indigène originaire paysanne sont contredits par la Loi de « Deslinde » juridictionnelle, promulguée à peine un an plus tard. Ceux-ci annoncent une mise en pratique ambivalente et nébuleuse du système pluriel de justice.
En absence de débat et de négociation sur les nouveaux standards de la justice plurielle, nous verrons en quoi les lynchages ont joué un rôle central dans la construction d’une nouvelle institution uniforme, opérée par les autorités dites « naturelles » des communautés indigènes, selon leurs us et coutumes ancestraux. L’observation ethnographique au sein de plusieurs communautés rurales andines nous a permis de nuancer cette conception ainsi que d’analyser les nombreux recours des indigènes auprès du Tribunal Constitutionnel Plurinational et des juges étatiques. L’inflation des conflits et l’enlisement des querelles entre les peuples indigènes originaires paysans prennent en étau les autorités communautaires (syndicales et originaires) entre les habitants qui déstabilisent leur rôle de médiateur et de l’autre le système de justice étatique qui exerce sur eux une pression croissante.
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Le jury était composé de :
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Mme Giselle CORRADI, Chercheuse à l’Université de Ghent (rapporteure)
M. Hugo José SUAREZ, Chercheur à l’UNAM (rapporteur)
M. Franck POUPEAU, Directeur de recherche au CNRS
Mme Valérie ROBIN AZEVEDO, Professeure des Universités à Paris 5-Descartes
Mme Pascale ABSI, Chargée de recherche à l’IRD
Mme Françoise MARTINEZ, Professeure des Universités à Paris 8-Vincennes-St. Denis
M. Norbert ROULAND, Professeur émérite à l’Université d’Aix-Marseille