Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
Centre de recherche et de documentation sur les Amériques

Tribune de membres de l'IHEAL

Tribune de l'Institut des Hautes Études de l'Amérique latine

mobilisé contre le "Plan Etudiant” et sa sélection

 

NB - Cette tribune a été rédigée le 31 janvier 2018 par des représentants élus au Conseil de Gestion de l’IHEAL et peut être signée par tout membre de l’IHEAL à l’adresse http://contreleplanetudiant.wesign.it/fr

 

Enseignant·e·s, étudiant·e·s et membres du personnel de l’IHEAL, nous exprimons ensemble notre refus de la réforme de l’entrée à l’université telle qu’elle est prévue par le « Plan Etudiant » annoncé par le gouvernement. En particulier, nous nous opposons aux modalités de sélection des étudiant·e·s qu’introduit « Parcoursup », dont la mise en oeuvre est exigée par le ministère de l’Education nationale et le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, alors que la loi n’a pas été votée et que les acteurs de l’enseignement, secondaire et supérieur, n’ont aucune information précise. Seule certitude : ces tâches supplémentaires ne s'accompagneront pas des moyens nécessaires pour les mener à bien et pèseront lourdement sur des personnels débordés.

La Commission Formation et Vie Universitaire de l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3 a adopté le 19 janvier 2018 une motion dénonçant le “Plan Etudiant” et elle refuse de voter les “attendus”. Nous lui apportons tout notre soutien. Comme elle, nous réaffirmons notre attachement au libre accès des bacheliers à l’enseignement supérieur public.

Nous dénonçons donc cette réforme qui, comme celles qui l’ont précédée, vise à généraliser la mise en concurrence des établissements d’enseignement supérieur, accroissant les inégalités existantes et en générant de nouvelles. Comme la restriction des moyens alloués à la recherche fragilise la recherche universitaire par le biais d’une mise en concurrence et d’une bureaucratisation, cette réforme met en péril l’existence même de l’université publique française. En effet, comment ne pas voir que cette réforme favorisera une hiérarchisation croissante entre des établissements dits « d’excellence » qui accueilleront les « meilleur·e·s lycéen·ne·s » et des établissements « de second rang » que l’on ne tardera pas à tenter d’éviter, préférant aller dans le privé quitte à s’endetter lourdement ?

Nous exigeons un juste financement de l’université publique, qui accueille chaque année un nombre croissant d’étudiant·e·s, mais qui voit diminuer le nombre de postes d’enseignant·e·s chercheurs·ses – conséquence funeste de la loi LRU. Contre des réformes qui veulent faire de l’enseignement supérieur un simple centre d'acquisition de compétences professionnelles segmentées, nous défendons une université publique ouverte, lieu de savoir et d’émancipation, creuset de la vie citoyenne. Les étudiant·e·s ne peuvent être réduit·e·s à des consommateurs·trices de diplômes dont on exige des choix informés et définitifs avant même leur entrée pleine et entière dans l’âge adulte.

Nous ferons tout pour que l’université française ne soit elle aussi victime des fléaux qu’ont vécu les universités publiques dans les Amériques que nous connaissons bien.