Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
Centre de recherche et de documentation sur les Amériques

Venezuela : comment Nicolas Maduro a perdu le contrôle de son pays ?

Venezuela : comment Nicolas Maduro a perdu le contrôle de son pays ?
Article de Mathieu Dejean publié dans Les InRocks le 2 juin 2017

 

Crédit photo : Luis Robayo / AFP

Quatre ans après la mort d’Hugo Chavez, et la victoire de son dauphin – Nicolas Maduro – à la présidentielle, le Venezuela est à feu et à sang. Comment l’engrenage de la violence s’est-il emparé du pays ?

Dans l’hémicycle du Parlement vénézuélien, deux portraits ont été décrochés des murs depuis la victoire de l’opposition (droite) aux élections législatives fin 2015. Celui de Simon Bolivar, figure de l’émancipation des colonies espagnoles en Amérique latine au XIXe siècle, et celui d’Hugo Chavez, président de la République vénézuélienne de 1999 à 2013, qui s’inspirait du premier pour construire son “socialisme du XXIe siècle” sous le label de “révolution bolivarienne”. Ce symbole en dit long sur la volonté de l’opposition de tourner la page du chavisme. Mais rien ne s’est passé comme prévu. Quatre ans après la mort du leader socialiste, et la victoire de son dauphin – Nicolas Maduro – à la présidentielle, le Venezuela est à feu et à sang.

“L’enracinement démocratique du chavisme manque à Maduro”

Depuis le mois d’avril, les affrontements de rue entre l’opposition et les forces gouvernementales ont fait 60 morts, 1000 blessés, et 3000 personnes ont été arrêtées. L’ONG Amnesty international a dénoncé une situation des droits humains “dramatique”. Ce 31 mai, un palier de plus a été franchi dans le discrédit international du régime, alors que des centaines d’intellectuels de gauche “non alignés” ont signé un appel à “dépolariser” le conflit et à “stopper les violences”. Ils espèrent “la formation urgente d’un Comité international pour la paix au Venezuela, afin de mettre fin à la montée de la violence institutionnelle et de la violence de rue”. Mais comment le Venezuela a-t-il été entraîné dans cette spirale de violence ?

Pour le directeur de l’Institut des hautes études de l’Amérique latine, Olivier Compagnon, signataire de l’appel, elle tient à la perte de légitimité démocratique de Nicolas Maduro, qui par sa gestion du régime, se démarque de l’ère Chavez :

“Qu’on le veuille ou non, le chavisme avait une légitimité démocratique dans les années 2000. Chavez a gagné toutes les élections qu’il a organisées, sauf le référendum de 2008. On pouvait critiquer autant qu’on voulait sa forme d’exercice du pouvoir, il n’en demeurait pas moins qu’il avait une légitimité démocratique. Aujourd’hui, cet enracinement démocratique manque à Maduro : la perte des législatives en 2015, et la confiscation consécutive des prérogatives législatives par le pouvoir exécutif ont constitué une étape importante du durcissement autoritaire du régime.”

En effet, la restriction des pouvoirs du parlement suite à la victoire de l’opposition, qualifiée de “coup d’Etat” par Henrique Capriles, le leader de la droite, a mis le feu aux poudres. Même des fidèles d’Hugo Chavez ont alors pris leurs distances avec Nicolas Maduro, à l’instar de la procureure générale Luisa Ortega.

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