Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
Centre de recherche et de documentation sur les Amériques

Capitalismes sauvages

9-11 octobre 2018, 9h00-18h00

Capitalismes sauvages.

Anthropologie historique des extractivismes en Amérique du Sud

 

Colloque international

Rennes 10-11 octobre 2018

 

Organisé par Nicolas Richard, Jimena Obregón Iturra, Christophe Giudicelli

 

Suivi de :

PARIS 9 OCTOBRE  Séminaire du PREDA Programme de recherche sur le Désert d’Atacama et

BREST 12-13 OCTOBRE Workshop Paysages portuaires et réalité virtuelle

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rennes, le 10 octobre 2018

 

Sauvages par la violence qu’ils déploient et par les confins qu’ils investissent, les différentes formes d’extractivisme ont joué un rôle fondamental, notamment à partir du xixe siècle, dans l’articulation contemporaine de vastes territoires et de populations jusqu’alors périphériques de l’Amérique du Sud (Amazonie, Atacama, Grand Chaco, Patagonie…). Des forêts, des déserts et des océans jusqu’alors perçus comme des limites ou des entraves, deviennent le théâtre central de formes mondialisées d’extraction de ressources minérales, végétales ou animales. La colonisation minière du désert d’Atacama, l’exploitation du caoutchouc en Amazonie, l’industrie baleinière dans les côtes australes, les scieries et les ports forestiers dans le Chaco, etc. ont construit historiquement ces territoires comme des territoires d’extraction. Ceux-ci s’inscrivent d’une façon singulière et tardive dans les espaces nationaux, en tant que territoires conquis, capturés ou annexés par des états-nations déjà constitués. Or ils se laissent mal comprendre d’un point de vue national, car la présence de ces Etats est bien souvent nominale, médiatisée par des acteurs privés et transnationaux (sociétés d’exploitation, colons, missions religieuses, concessions…), posant à différents niveaux le problème des souverainetés. Ces territoires organisent aussi vis-à-vis de leurs populations d’autres formes de colonialité, distinctes des formes ibériques des siècles antérieurs, mais distinctes aussi des formes qui leur sont contemporaines en Afrique ou en Océanie, car elles se déploient en Amérique sous couverture d’Etats nations souverains. Les populations indigènes, qui avaient échappé à l’étau colonial ibérique, se voient ainsi submergées par ces nouveaux fronts de colonisation qui gagnent en nombre et en extension, en les assignant à de nouveaux dispositifs de contrôle biopolitique (réserves, camps, missions). Enfin, ces territoires sont mécaniquement exploités et cette omniprésence des machines (trains, pelles mécaniques, bateaux, scies, camions, etc.) structure une relation spécifique aux corps, à la nature et à l’espace.

Trop souvent envisagés du seul point de vue de leur actualité, ces territoires extractifs se sont construits au contraire sur la durée, en marquant profondément leurs populations et leurs paysages, leurs asymétries, leurs contradictions. Ils posent des problématiques spécifiques, tant du point de vue historique, que politique et anthropologique. De même, s’agissant de réalités asymétriques et asymétriquement documentées, il est nécessaire de pousser la recherche historique vers d’autres méthodologies et d’autres sources (matérialités, ethnographie, histoire environnementale…) qui permettent d’équilibrer et de complexifier leur compréhension. Enfin, l’hétérogénéité des populations concernées et la complexité anthropologique, linguistique et sociale résultante demande à déjouer, aussi bien le cadre interprétatif trop homogène des “histoires nationales” que celui, trop global, de l’histoire économique. Le colloque international Capitalismes sauvages : anthropologie historique des extractivismes en Amérique du Sud (Université de Rennes, 10-11 octobre) réunit une trentaine de spécialistes de différents pays afin d’explorer, du point de vue de l’anthropologie historique, les trajectoires de différents “territoires extractifs” de l’Amérique du Sud. Le colloque sera suivi d’une seminaire PREDA Programme de Recherches sur le Désert d’Atacama, (Institut des Hautes Études de l’Amérique Latine, Paris) et du workshop Paysages portuaires et réalité virtuelle (Centre Européen de Réalité virtuelle, Brest).