Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
Centre de recherche et de documentation sur les Amériques

Réinterroger l'indigénisme aujourd'hui ?

16 novembre 2018, 09h30-17h00

 

 

Réinterroger l’indigénisme aujourd’hui ?

 

Acte II

Circulation, appropriation, décalages

 

Vendredi 16 novembre 2018

IHEAL-CREDA, 28 rue Saint Guillaume, Paris,

Amphithéâtre (1er étage) et salle Paul Rivet (5ème étage)

 

 

 

Organisation : Elisabeth Cunin (IRD-URMIS), Capucine Boidin (IHEAL-CREDA)

A l’occasion du dépôt, à la bibliothèque de l’IHEAL, des archives numérisées de América indígena et Boletín indigenista, les deux revues de l’Instituto Indigenista Interamericano (créé en 1940 à Patzcuaro, Mexique), nous proposons une double réflexion sur l’indigénisme. L’une porte sur une relecture de l'indigénisme et a eu lieu le mardi 10 juillet 2018 ; l’autre sur l’internationalisation de l'indigénisme, le vendredi 16 novembre 2018.

Acte 2. L’internationalisation de l’indigénisme

Selon Henri Favre (1996, 4), l’indigénisme vise à répondre à deux questions principales : « Par quel moyen résorber l’altérité indienne dans la trame de la nationalité ? Mais aussi, de quelle façon assoir l’identité nationale sur la base de l’indianité ? ». De fait, dans les années 1940-50, l’indigénisme peut être considéré comme un mouvement pionnier dans la définition de politiques spécifiquement destinées aux populations indiennes. L’Amérique latine devient un modèle, notamment autour de la notion, mise en avant par l’indigénisme, d’« intégration », mélange de citoyenneté politique, de transformation culturelle et de développement socio-économique.

Pourtant, aujourd’hui, l’indigénisme n’a pas bonne presse. Il a notamment fait l’objet des critiques de l’anthropologie latino-américaine, en particulier mexicaine, au début des années 1970 (Warman, Bonfil Batalla, Nolasco, 1970) et, plus récemment, des recherches portant sur l’autochtonie, en particulier dans sa dimension transnationale (Morin, 1982). L’indigénisme est ainsi accusé de « parler à la place » des populations indiennes, de favoriser leur assimilation et leur acculturation, voire leur ethnocide et leur « désindianisation ». Cette évolution est symbolisée par le passage de la convention 107 de 1957 de l’OIT, fondée sur un principe d’intégration, à la convention 169 de 1989 se réclamant de l’autodétermination. Néanmoins, ces critiques s’inscrivent en partie dans une démarche idéologique, qui répond à une logique de distinction d’une nouvelle génération de chercheurs ou de soutien militant aux mobilisations autochtones. Elles tendent à décontextualiser les discours et les actions associés à l’indigénisme dans les années 1940-50 ; surtout, elles ne s’appuient pas suffisamment sur les sources (archives, revues, correspondances, etc.), qui permettent de retracer une histoire plus nuancée, complexe, multiple. 

Cette deuxième journée d’étude portera plus spécifiquement sur l’internationalisation de l’indigénisme. Comment l’indigénisme a-t-il circulé à l’échelle continentale (Giraudo, Martín Sánchez, 2011) et internationale (voir Luis Rodriguez-Piñero, 2005, sur l’OIT) ? Quelle influence a-t-il eu sur les agences internationales du système des Nations Unies qui se met en place à la même époque et vise à répondre à des questions proches (droits des minorités, lutte contre la discrimination et le racisme, etc.) ? Quelle a été la place de l’indigénisme dans les politiques coloniales européennes en Afrique ? Peut-on comparer les catégories d’indien/ indigène/ autochtone en Amérique latine et indigène/ évolué en Afrique?

 

Amphithéâtre

10h – 11h

Le champ indigéniste: de l'intégration au multiculturalisme, de l'Amérique au reste du monde

Laura Giraudo (Escuela de Estudios Hispano-Americanos, CSIC, Sevilla)

11h – 12h

L’Institut Indigéniste Interaméricain et l’UNESCO : ententes et mésententes

Elisabeth Cunin (IRD-URMIS)

 

Salle Paul Rivet

14h – 15h

Le plan d’intégration de Soustelle pour l’Algérie (1955) au prisme de l’indigénisme mexicain

Christine Laurière (CNRS-EHESS-IIAC, équipe LAHIC)

15h – 16h

Indigénisme ou indigénat ? La cause des indigènes dans les années 1920

Emmanuelle Sibeud (Université Paris 8 – IDHES)

16h – 17h

Débat et perspectives de publication

 

Bibliographie

Giraudo Laura, Martín-Sánchez Juan (eds.), 2011. La ambivalente historia del indigenismo: campo interamericano y trayectorias nacionales, 1940-1970. Lima, Instituto de Estudios Peruanos.

Morin Françoise, 1982. “Introduction. Indien, indigénisme, indianité”, dans Indianité, ethnocide, indigénisme en Amérique latine. Paris, Les Éditions du CNRS, pp. 3-9.

Rodríguez-Piñero Luis, 2005. Indigenous Peoples, Postcolonialism, and International Law. The ILO Regime (1919-1989). New York, Oxford University Press.

Warman Arturo, Bonfil Batalla Guillermo, Nolasco Margarita, 1970. De eso que llaman antropología mexicana. México D.F.: Editorial. Nuestro Tiempo.


Entrée libre dans la limite des places disponibles. La réservation est obligatoire. Merci de nous écrire à l’adresse suivante : evenements-iheal@sorbonne-nouvelle.fr