Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
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Zoom

Penser aux sciences avec et dans les Suds

Zoom sur l’article « Les STS ont-elles un Sud ? Penser les sciences dans/avec les Suds », de David Dumoulin Kevran, Mina Kleiche-Dray et Mathieu Quet, publié dans la Revue d’anthropologie des connaissances (n°3, vol. 11, 2017)

Les études sociales sur les sciences –les STS ou Science Studies comme elles sont connues dans le monde anglo-saxon- cherchent à placer les sciences dans leur contexte social, politique, culturel et historique. Champ de recherche interdisciplinaire, ces études analysent les facteurs sociaux et culturels qui déterminent la production scientifique et la façon dont les sciences et les innovations technologiques exercent une influence sur la société et la culture.

Un des aspects importants des STS depuis leur origine a été la mise en question des dynamiques de pouvoir qui ont historiquement déterminé la production scientifique. Constituant un vrai renouvellement des sciences sociales, les STS, notamment celles provenant des pays du Sud, ont aidé à mettre en question le supposé universalisme de la science occidentale en faisant une critique des dynamiques en place marginalisant le développement scientifique et technologique hors de la centralité européenne.

Développées principalement à partir des années 1980, les STS ont connu une importante expansion dans la pensée critique globale. Néanmoins, leur mondialisation s’est réalisée de manière plutôt unilatérale, c’est-à-dire, avec une prédominance des regards provenant du Nord et largement indifférents aux travaux sur les sciences conduits dans les pays du Sud.  

C’est dans ce contexte que l’article « Les STS ont-elles un Sud ? Penser les sciences dans/avec les Suds » cherche à amplifier la discussion sur ces études, en regardant la diversité et l’abondance des recherches  réalisées « hors des frontières du Nord », avec l’intérêt de les rendre visibles et de prendre la vraie mesure de leur apport au développement de la discipline. En mettant en valeur l’intégration des approches postcoloniales dans ce processus, les auteurs montrent comment ces courants critiques ont largement contribué au développement des études des sciences dans les Suds, dévoilant surtout le fort dynamisme existant au-delà du regard centralisé du Nord.

Issu d’une journée d’études homonyme réalisée en avril 2015, cet article rapporte l’interrogation des scientifiques sur l’incomplète globalisation des STS du fait du manque de diversité géographique des approches due à la concentration de l’euro-américanocentrisme sur les programmes de recherche.

Comment se sont étendues les STS à l’échelle mondiale en fonction des rapports qu’ont les Suds avec ces Science Studies ? Voilà la question à laquelle les trois auteurs répondent en abordant premièrement les dynamiques et marginalisation des STS aux Suds ; pour ensuite étudier le processus de déplacement des STS aux Suds, et enfin terminer par un aperçu de la postérité des études des sciences et des études postcoloniales.

 

 

 

David Dumoulin Kervran et al., « Les STS ont-elles un Sud ? Penser les sciences dans/avec les Suds », Revue d'anthropologie des connaissances 2017/3 (Vol. 11, N°3), p. 423-454.
 

 

 

 

 


©  IHEAL-CREDA 2017 - Publié le 27 octobre  2017 - La Lettre de l'IHEAL-CREDA, n° 11, novembre 2017.