Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
Centre de recherche et de documentation sur les Amériques

Médias latino-américanistes en France : Alterlatine

 

Alterlatine

Andrea Amaya Porras a quitté son Bogota natal pour arriver en France il y a, à peine, 6 ans et demi. L’histoire d’Alterlatine c’est tout d’abord l’histoire d’une jeune étudiante passionnée de journalisme, d’art et de culture qui rêve d’étudier à l’étranger. En 2015, alors qu’elle étudie en France dans le cadre de son master, Andrea monte un projet pour son mémoire de fin d’études et voici qu’Alterlatine voit le jour. La première version papier se transforme en 2016, en site internet et l’aventure commence. Andrea reçoit tout d’abord la collaboration d’amis qui contribuent à la rédaction d’articles et bientôt le projet prend de l’envergure : elle est contactée par des personnes qui consultent le site régulièrement et qui sont désireux d’y participer. « J’ai été agréablement surprise de voir que la grande majorité des contributeurs sont français. Sur 15 collaborateurs réguliers, seulement 2 latino-américains ont participé pour l’instant, les autres sont français ou européens, ils vivent là-bas ou y ont vécu mais une chose est sûre nous partageons la même passion ».

Cette passion c’est le partage de la culture latino-américaine à travers l’écriture, c’est l’envie d’éveiller la curiosité des internautes, les amener dans un autre monde là où se trouve une autre facette de l’Amérique latine, un espace de réflexion et de partage où sont mis en valeur certains sujets marginaux qui n’ont pas trouvé une réception pourtant essentielle pour l’ouverture d’esprit et pour alimenter cette curiosité, moteur du travail d’Andrea. « En étant colombienne, je sentais qu’il était opportun et légitime de faire connaître l’Amérique latine en France. Mais je ne voulais pas me restreindre à la Colombie car j’ai vraiment ce sentiment d’union et en même temps de diversité et de richesse de la culture latino-américaine. Nous partageons la même langue dans de multiples pays et quant aux Brésiliens même si leur langue n’est pas la même il y a beaucoup d’immigration ce qui a depuis fort longtemps contribué à l’imaginaire de cette culture commune. J’ai souvent remarqué en parlant aux personnes ici en France qu’ils connaissent très peu nos pays ou qu’ils en ont une image tronquée et souvent assez négative car ils ne reçoivent que les images chocs ».

L’originalité d’Alterlatine c’est aussi et surtout son contenu, d’ailleurs ce n’est pas un hasard si Andrea a décidé de nommer son média ainsi : il y a derrière cette volonté d’alternative à ce que les personnes connaissent ou lisent, Alterlatine recherche constamment cet idéal. « Il n’y a pas de prise de position militantiste par mon magazine, lorsque je me suis engagée dans ce travail d’écriture je n’avais qu’un seul objectif, celui de l’objectivité et de la rationalité : c’est un travail d’information que nous menons, l’idée est de faire connaître et non de délivrer une partie incomplète des faits. Il s’agit de donner toutes les cartes à nos lecteurs pour qu’ils puissent eux-mêmes en retirer les bénéfices ». C’est ainsi qu’Alterlatine entend participer à la discussion citoyenne sans prise de position. Bien que le contenu soit généralement le fruit d’une génération jeune, le public visé inclut des personnes de tout âge, enfin, celles et ceux qui sont passionné(e)s par l’Amérique latine. 

Le réseau Alterlatine grandit de plus en plus grâce aux rencontres qu’Andrea fait, « que ce soit les personnes rencontrées durant la semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes ou encore durant le Festival de cinéma de Biarritz, pour ne donner que ces exemples, ils ont toujours été très ouverts à mon idée. Actuellement, dans le cadre de l’année France-Colombie les partenariats se multiplient, je suis actuellement en Colombie pour justement rencontrer les institutions qui portent ce projet, avec l’Alliance française par exemple nous envisageons de diffuser une invitation aux étudiants et professeurs du réseau qui souhaitent écrire pour Alterlatine dans le cadre de cette année de festivité ». Avec tous ces projets et une représentante dynamique, Alterlatine n’est aujourd’hui pas seulement un espace où il est bon d’écrire mais aussi un projet en pleine expansion.


Publié le 24 février 2017 - La Lettre de l'IHEAL-CREDA n° 3, mars 2017.