Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
Centre de recherche et de documentation sur les Amériques

Médias latino-américanistes en France : El Café Latino

El Café Latino

Nous avons rencontré Román Gómez, un des membres fondateurs du magazine imprimé bimensuel El Café Latino. La revue voit le jour en 2003 : « nous étions à la base un groupe composé de latino-américains et nous nous réunissions afin de débattre et de penser l’Amérique latine. A travers les conférences, nous sommes arrivés au constat qu’il y avait en France une prédominance de clichés quant au continent sud-américain, pas de réelle connaissance du grand public, notre but était alors de le faire connaître hors de ces clichés ». Mais le projet avait également un second but : « durant ces réunions nous étions certes tous originaires d’Amérique latine mais de pays très différents et nous sommes également arrivés à la conclusion qu’au sein même de notre continent, nous ne nous connaissons pas réellement entre les différents pays ». Il s’agissait dès lors d’un projet de travail portant une double intégration : celle de l’Amérique latine en France et celle des latino-américains entre eux afin d’en dégager une union, un groupe solide partageant une multitude de points communs. C’est dans cet esprit que la revue voit le jour et porte en elle ce double projet.

Ainsi étant l’unique revue bilingue français-espagnol en France, El Café Latino propose aux francophones de s’ouvrir et de partager l’Amérique latine et aux nouvelles générations d’origine latino-américaine nées en France de conserver leur langue ainsi qu’un lien avec ce continent qui a vu naître leurs ancêtres.

Il y a aussi et surtout au cœur du projet El Café Latino le désir et la nécessité de mettre en valeur la culture précoloniale, la « vraie culture » latino-américaine, celle enfouit et rejetée pendant longtemps, celle dont on ne parle pas. C’est l’idée de dire que l’Amérique latine est unie en partie et surtout par cette culture et cette histoire qui reste trop peu connue et racontée, nous dit Román. Et il ajoute cette formule qui est devenue réelle conviction : « je dis toujours qu’il y a 6 siècles, les Espagnols ont découvert la partie matérielle de l’Amérique latine : la nature, les mers, l’architecture…mais ils ont oublié de découvrir la partie humaine, les personnes et sans les découvrir ils les ont éliminés ». « Aujourd’hui il est essentiel de réanimer ces choses passées et de mener une introspection pour sauver cette partie humaine et culturelle que nous portons en nous ».     

El Café Latino n’est pas une revue d’information, les articles qu’elle propose n’ont pas pour but d’informer les lecteurs sur l’actualité. Ce que cherche le magazine ce sont des articles intemporels, « un article qui se consulte quelques années après la parution et qui a encore de l’intérêt pour son lecteur ». C’est ainsi que El Café Latino s’oriente davantage vers l’analyse que l’information passagère.

Aujourd’hui El Café Latino est composé d’une équipe de 8 à 10 personnes qui s’investissent depuis leur pays de résidence pour nous offrir tous les deux mois des articles de qualité. Le projet bénévole a depuis quelques années une grande répercussion en France mais aussi à l’étranger. C’est ainsi que Román et les autres membres ont de nombreux partenariats avec des entreprises latino-américaines afin de subventionner le projet. Mais les partenariats ne se font pas uniquement sur le plan entrepreneurial mais se font aussi au niveau académique. C’est ainsi que des universités ayant des spécialisations sur le tourisme se sont abonnées à la revue afin d’en retirer un contenu intéressant sur le continent à transmettre à leurs étudiants. Les collaborations sont également nombreuses au niveau institutionnel notamment avec les ambassades latino-américaines et les programmes onusiens qui invitent El Café Latino à participer aux événements officiels et à contribuer à la diffusion des projets. La revue est donc devenue à ce jour une incontournable source du continent latino-américain en France.


Publié le 24 février 2017 - La Lettre de l'IHEAL-CREDA n° 3, mars 2017.