Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
Centre de recherche et de documentation sur les Amériques

L'Amérique latine en France

En route vers l'action internationale des collectivités territoriales avec Cités Unies France

La coopération décentralisée désigne les relations d’amitié, de jumelage ou de partenariat établies entre autorités locales de deux pays. Dépassé aujourd’hui par la diversité d’activités qui peut comprendre ce type de coopération, le terme a laissé progressivement la place à celui d’action internationale des collectivités, qui inclut l’aide d’urgence et différents types de promotion culturelle, économique et artistique.

Créée en 1975, Cités Unies France est l’association de référence dans ce domaine. Depuis 2000, elle détient une convention avec le ministère des Affaires étrangères qui lui donne pour mission principale d’animer et de coordonner l’ensemble des collectivités territoriales françaises engagées dans l’action internationale, soit plus de 5 000 collectivités et 13 000 projets avec plus de 400 adhérents et 10 000 autorités locales de 145 pays[1].

L’histoire de la coopération décentralisée en France remonte à la seconde guerre mondiale. Après une période de confrontation intense contre l’Allemagne, la France cherche à normaliser ses relations en poursuivant la stabilisation de la paix entre les deux pays. C’est à travers l’échange culturel au niveau local que cette action voit le jour. Avec la guerre froide et les décolonisations, la coopération décentralisée gagne d’autres régions du monde. En 1975, c’est avec l’Amérique latine que ces échanges commencent à se mettre en place mais il faudra attendre les années 1990 et le retour des démocraties latino-américaines pour que la coopération entre les villes s’intensifie. Les premières coopérations avec l’Amérique latine,  au début à caractère très politique, sont marquées par le support aux mouvements révolutionnaires (par  exemple au Nicaragua) ou en soutien des processus participatifs nés notamment au Brésil et réunis en 2001 lors du premier Forum social mondial à Porto Alegre.

A partir de 2005, l’intérêt pour les pays émergents latino-américains est à son paroxysme, les localités françaises cherchent alors à nouer contact avec le Mexique, l’Argentine le Chili ou encore le Brésil pour ne citer qu’eux. C’est ainsi que Cités Unies France accroit son intervention dans la région en tant que médiateur, gérant la constitution et la mise en œuvre du réseau et assurant la circulation de l’information.

Non opératrice de projets, Cités Unies France soutient les processus de décentralisation et le renforcement de capacités des autorités locales pour le développement des territoires en veillant à l’autonomie et à l’indépendance de chacun des partenaires.

A cette fin, l’association anime des  « groupes-pays » qui réunissent les collectivités françaises travaillant sur un même pays et permettent la mutualisation et la capitalisation des expériences ainsi que l’impulsion d’actions concertées. Ces groupes assurent de ce fait un lien avec les autorités et les institutions des pays ainsi qu’avec les missions diplomatiques. Pour l’Amérique latine, Cités Unies France se compose de 6 groupes : Amérique centrale et Cuba, Argentine, Brésil, Chili, Haïti et Mexique.

Pour ces différents groupes, l’association s’engage au niveau national et international pour la reconnaissance de l’action des collectivités territoriales à travers la représentation de celles-ci dans les instances de décision en matière de développement des territoires et la mise en place d’outils de financement spécifiques. Cette engagement passe par une nécessaire collaboration avec les associations de pouvoirs locaux françaises, des pays partenaires, les institutions et agences de l’État, qu’il s’agisse du ministère des Affaires étrangères ou de l’Agence française de développement, les ONG et leurs réseaux, les fédérations et plateformes d’acteurs concernés par la coopération décentralisée.

Enfin, l’association met au centre de ses activités les débats et les colloques. C’est à ce titre qu’elle est membre de la Commission nationale de la coopération décentralisée, groupe de réflexion présidé par le Premier Ministre. Ceci explique pourquoi l’association est sollicitée pour répondre aux demandes de conseil et veille à maintenir le réseau informé des dernières actualités de la coopération décentralisée. Les services rendus peuvent aller de l’information sur les financements européens, du conseil juridique, à l’information sur les pays, en passant par les contacts avec les pouvoirs publics français ou étrangers et la représentation auprès des institutions publiques nationales et internationales. Le conseil peut également viser à construire ou à reconsidérer une action internationale, à chercher des partenaires et aider à la mise en place de nouveaux partenariats ou à organiser des formations.

L’essentiel du financement de la coopération décentralisée vient des collectivités territoriales françaises elles-mêmes. Néanmoins, les collectivités bénéficient également de subventions de divers organismes tels que le ministère des Affaires étrangères, l’Union européenne, ou  l’Agence française de développement.

L’un des derniers projets en date avec le continent latino-américain s’est déroulé à Bogota le 12 octobre dernier. Organisée par Cités Unies France dans le cadre de l’année France-Colombie et du 5e Congrès Mondial des Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU), la « Rencontre pour la promotion de la coopération décentralisée entre la France et la Colombie »  avait pour but d’identifier les facteurs clefs permettant de favoriser la coopération décentralisée entre la France et la Colombie. Il a été question de définir des objectifs et d’enclencher une réflexion entre les représentants de dix-neuf institutions (les gouvernements nationaux, des collectivités locales et des organisations non-gouvernementales des deux Etats). Cette assemblée s’est donc réunie autour d’un objectif commun : promouvoir et favoriser les initiatives permettant une meilleure articulation de la coopération décentralisée.

Cette rencontre n’est qu’un exemple des nombreuses initiatives que soutient l’association chaque année. Si la plupart s’organisent autour du thème de l’action internationale des collectivités, il arrive également que Cités Unies France soutient d’autres initiatives comme a été le cas pour Haïti après le tremblement de terre de 2010, où l’association avait lancé un appel à dons aux collectivités territoriales pour soutenir la reconstruction dans le pays.

 

Vous pouvez retrouver plus de projets sur le site internet de l’association : http://www.cites-unies-france.org/-Pole-Amerique-

 

 


©  IHEAL-CREDA 2017 - Publié le 21 juillet  2017 - La Lettre de l'IHEAL-CREDA, n° 8, août 2017.