Mariana (los perros)

Mariana sélectionné à la Semaine de la critique Cannes 2017, sort au cinéma le 13 décembre

Mariana (los perros)
par Clara de la Fuente
 

Mariana, une quadragénaire issue de la haute bourgeoisie chilienne s’efforce d’échapper au rôle que son père, puis son mari, ont toujours défini pour elle. Elle éprouve une étrange attirance pour Juan, son professeur d’équitation de 60 ans, ex-colonel suspecté d’exactions pendant la dictature. Mais cette liaison ébranle les murs invisibles qui protègent sa famille du passé. Jusqu’où Mariana, curieuse, insolente et imprévisible sera-t-elle capable d’aller ?

Réalisé par Marcela Said, Mariana (los perros) a été sélectionné à la Semaine de la critique Cannes 2017. Le long-métrage a reçu le Prix du Jury du Festival Biarritz Amérique Latine, le Grand Prix Horizontes du Festival International du Film de San-Sebastian et la Mention spéciale du Jury au Filmfest München.

Si vous appréciez les films originaux, celui de Marcela Said ne vous laissera pas indifférent. Il est de ces films qui ébranlent le spectateur face à ses problématiques nuancées et subtilement posées. Mariana se présente donc comme une source d’interrogations qui sont souvent laissées sans réponse. Néanmoins, à défaut de réponses, la réalisatrice laisse des temps de réflexion qui se traduisent par de nombreux silences, qui font du film sa particularité et sa profondeur. 

Non seulement ces silences rythment Mariana mais sont aussi le résultat des paradoxes qui émanent de l’histoire et du caractère de la protagoniste. Les contradictions et les nuances sont en effet une spécialité de la réalisatrice qui avoue avoir « toujours aimé traiter les gris » car « la ligne qui sépare le bien du mal est plus fine qu’on ne l’imagine ». Cette couleur entre le Blanc et le Noir qui dépeint le film est une métaphore à cette question à laquelle nous devons nous confronter tout le long du visionnage : celle de la limite entre le Bien et le Mal. Pour tenter d’y répondre, il nous faut dépasser nos préjugés sur les valeurs qu’on attribue aux personnes rejetées par la société, et s’interroger  jusqu’à quel point leur passé ou leurs convictions constituent l’essence de leur caractère.

Ainsi, dans un monde loin d’être manichéen, Marcela Said nous place sous un angle déplaisant, celui des anciens complices de la terreur de Pinochet, décriés par l’ensemble de la société, et qui rappelle l’existence de ces « secrets » tabous qui pèsent sur la protagoniste. Pourra-elle renier le milieu d’où elle vient ?

Cette atmosphère pénible et lourde de ses secrets coexiste avec une ambiance machiste qui règne tout au long du film. Jouant un rôle  ambigu, Mariana bascule entre la soumission et la rébellion. Ses allures désinvoltes et son impulsivité font d’elle une femme libre et épanouie, néanmoins elle reste malgré son fort caractère soumise aux hommes de son entourage, mécontents de ses initiatives indépendantes.

Ce film aux airs crus est extrêmement en lien avec l’actualité et l’histoire du Chili, un pays de secrets à demi dévoilés et non assumés, de rapports de classe et de genre tendus et inégaux et où le passé fait toujours de l’ombre au présent.

Tout comme Mariana, l’issue du film est imprévisible et peut bouleverser nos idées reçues et nous laisser pantois. Et Marcela Said en est consciente : « Je ne fais pas des films pour plaire. Je fais du cinéma pour faire réfléchir ». 

Bande annonce MARIANA (Los Perros) VOSTFR from Nour Films on Vimeo.

De nombreux cinémas à Paris proposeront à l’affiche Mariana (los perros) dès sa sortie le 13 décembre 2017, parmi lesquels : Les Sept Parnassiens, UGC Ciné Cité Les Halles, MK2 Bastille, Elysées Lincoln etc.

Le film sera à l’affiche de nombreux autres cinémas français en faisant véritablement le tour du pays en passant par Avignon, Blois, Bordeaux, Brest, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Lille, Toulouse etc.

Certaines séances seront suivies d’un débat en présence de la réalisatrice.

Pour retrouver la liste exhaustive des salles, nous vous invitons à télécharger la pièce jointe ci-dessous.  

©  IHEAL-CREDA 2017 - Publié le 1 décembre 2017 - La Lettre de l'IHEAL-CREDA, n° 12, décembre 2017.