Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
Centre de recherche et de documentation sur les Amériques

2017: dans la continuité traditionnelle des échanges France - Amérique latine

2017: dans la continuité traditionnelle des échanges France - Amérique latine
par Clara de la Fuente

 

L’année qui s’achève a été rythmée par certains événements particulièrement marquants pour la consolidation des liens unissant la France et l’Amérique latine.

2017 a été l’année privilégiée pour les rapports entre l’hexagone et la Colombie, dans le cadre du programme de coopération bilatérale de « saison-croisée » que la France organise depuis 30 ans. Cette année a donc permis la promotion d’événements destinés à favoriser la compréhension et la connaissance mutuelle des deux États dans des domaines très variés tels que la science, la culture, l’art, l’éducation, l’innovation, les sports, les médias et le tourisme, entre autres secteurs.

Mais cette année croisée avec la Colombie n’a pas été l’unique facteur de consolidation des liens d’amitié et de solidarité entre la France et la région latino-américaine ; la Semaine de l’Amérique latine qui s’est tenue du 27 mai au  9 juin a été l’occasion pour réunir le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et d’autres nombreux responsables politiques et économiques d’Amérique latine. Cette semaine, qui est consacrée à l’organisation de rencontres à dimension politique, économique, et culturelle dans la France entière, était à l’origine qu’une Journée de l’Amérique latine et des Caraïbes lancée par le Sénat en 2011 ; et c’est depuis 2014, sous l’impulsion du Président de la République,  que chaque année la France célèbre cette manifestation culturelle et festive incontournable coordonnée par le Quai d’Orsay, et qui dure deux semaines en réalité.

Un autre fait manifeste également la volonté d’échanges soutenus : la chaîne d’actualité française France 24 déjà diffusée sur les 5 continents en français, en anglais et en arabe, a décidé le 26 septembre d’émettre également en espagnol, visant ainsi le public latino-américain, notamment au Mexique, en Argentine, en Colombie, au Chili, au Pérou, en Bolivie, en Uruguay, au Panama et au Guatemala, ainsi qu’aux Caraïbes, l’objectif sur le long terme étant de s’étendre sur l’ensemble du continent. Basée à Bogota, la nouvelle rédaction réunira des journalistes venus des 4 coins de l’Amérique Latine et mobilisera un large réseau de correspondants, établis dans la région et dans le monde entier. Elle s’appuiera également sur l’expertise de la rédaction parisienne France 24 et coproduira certains programmes avec la rédaction hispanophone de RFI (Radio France Internationale).

L’année 2017 ne fait que confirmer la volonté de la France pour conserver ses liens déjà anciens avec l’Amérique latine. Depuis la naissance des États latino-américains, la France a été un modèle d’indépendance, et surtout, de culture.

Il est vrai que depuis le XIXe la culture a déterminé la politique étrangère de la France, et de nombreux Français se sont lancés dans des expéditions scientifiques en Amérique latine, dont Paul Rivet, qui a donné son nom à l’une des salles de cours de l’Institut. En effet, c’est en 1954 que Paul Rivet parraine la création de l’Institut des hautes études de l’Amérique ; et il avait auparavant conseillé le général De Gaulle à créer l’Institut Français d’Amérique latine à Mexico, et la Maison de l’Amérique latine à Paris, sous l’égide du Ministère des Affaires étrangères.

La culture a continué d’être un facteur important pour la politique étrangère française, mais sous De Gaulle, le continent se convertit en un enjeu de sa stratégie géopolitique d’affirmation d’autonomie au sein d’une alliance occidentale dominée par les Etats-Unis. Ainsi, l’Amérique latine se présente comme un enjeu de la construction d’un monde multipolaire pour la France, jusqu’à la présidence de Mitterrand où le continent latino-américain devient un enjeu communautaire de la construction d’une politique étrangère européenne, car avec l’adhésion de l’Espagne et du Portugal à la CEE en 1986, ces deux derniers pays ont pu avoir un statut privilégié dans leurs rapports avec l’Amérique latine. Jacques Chirac est le président qui met la politique culturelle au service de l’influence économique : il ne suffit plus de promouvoir la langue française dans un idéal culturel mais aussi comme la langue du commerce et des affaires.

Néanmoins, aujourd’hui peu de candidats à la présidentielle 2017 ont évoqué leur programme de politique étrangère en Amérique latine, et selon une étude de la BBC en espagnol, Emmanuel Macron serait le président qui conviendrait le mieux à l’Amérique latine, en poursuivant la diplomatie économique et culturelle de François Hollande vis-à-vis du continent. Effectivement, l’ancien président a été un prédécesseur actif en matière de politique étrangère envers l’Amérique latine ; Stéphane Witkowski, président du Conseil de gestion de l’Institut des hautes études d’Amérique latine, estime même que « depuis 2012, l’Amérique latine a été une réelle priorité politique et économique de François Hollande ». Si notre actuel président a accueilli en grande pompe le 29 juin Juan Manuel Santos à l’Élysée pour discuter des thèmes d’accords de paix, de climat et d’investissements ; c’est bien parce que la venue du président colombien était prévue dès 2015, lorsque Santos et Hollande avaient établi un accord pour mener le projet d’année-croisée France-Colombie.

Même si actuellement la politique étrangère d’Emmanuel Macron présente d’autres priorités, la France conservera toujours un fort lien culturel avec l’Amérique latine et l’année 2018 promet de perpétuer cette forte tradition historique avec l’organisation de nombreuses manifestations culturelles, artistiques et scientifiques.

 


©  IHEAL-CREDA 2018 - Publié le 22 décembre  2017 - La Lettre de l'IHEAL-CREDA, n° 13, janvier 2018.
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