Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
Centre de recherche et de documentation sur les Amériques

Lorsque l'Equateur descend dans les rues de Paris pour le Carnaval

Lorsque l'Équateur descend dans les rues de Paris pour le Carnaval
Par Clara de la Fuente

 

Défilé lors du Carnaval de Paris 2018 ACADE (Los Amigos del Ecuador)

 

Le 11 février dernier, le Carnaval de Paris battait son plein et a fait virevolter les couleurs chatoyantes du monde entier.

Bien loin de ses origines de La fête des Fous (XIe – XVe siècles) où, comme son nom l’indique, ses participants se livraient à la folie et à la fièvre des plaisirs de la dérision cléricale, le Carnaval de Paris est devenu avec le temps une tradition bien ancrée dans les mœurs de l’ancienne Lutèce qui permettaient à ses habitants et autres voyageurs de profiter des mascarades des sociétés carnavalesques, très souvent organisées par certaines corporations au XVIIIe siècle.

Mais cette tradition ancienne a subi les aléas du temps et de l’Histoire. Tombée en désuétude tout le long de la seconde moitié du XXe siècle, il était plus courant de parler de « Mardi Gras », le Carnaval faisant référence à Nice ou à Rio plutôt qu’à Paris.

Cela dit, la tradition multiséculaire renaît grâce à une initiative privée menée dès 1993 par Basile Pachkoff, président de l’association Droit à la Culture dont la mission est de favoriser le développement et la promotion de la démocratisation culturelle. Cette initiative a ainsi su redonner les couleurs et les joies d’antan à notre vieille ville de Paris.

Néanmoins ce ne sont plus les Fous qui monopolisent les rues en ces temps joyeux, car Paris, devenue capitale cosmopolite attire des passionnés venus des quatre coins du globe pour danser ensemble et mettre en scène leurs propres traditions carnavalesques.

Brésiliens, Antillais, Boliviens et Équatoriens étaient présents cette année et ont fait profiter à tout le petit peuple parisien de leurs danses natales, de leurs costumes aux couleurs vives et chaleureuses au rythme des percussions.

Parmi eux, défilaient les membres des associations Raíces Andinas del Ecuador et ACADE (Los Amigos del Ecuador), toutes deux brandissant le drapeau équatorien.

Raíces andinas del Ecuador prend ses racines il y a 12 ans, alors que ce n’était qu’un groupe de danse, et ce n’est que l’année dernière, en 2017, que l’association prend réellement forme lorsqu’elle est légalisée ; tandis que l’association ACADE, elle, a été créée en 2003.

 

Défilé lors du Carnaval de Paris 2017 Raices andinas del Ecuador

 

Raíces andinas del Ecuador et ACADE ont pour mission de promouvoir, diffuser et développer la culture équatorienne à travers la musique et les danses traditionnelles, que ce soit la danse traditionnelle andine ou de diverses régions du pays.

Leurs moyens d’action sont très variés. Les deux associations ont participé au Carnaval de Paris, reflétant ainsi l’image du carnaval équatorien qui existe également, mais leur participation au Carnaval est bien loin d’être leur seule activité de l’année.

Elles multiplient leurs prestations publiques en sorties, spectacles, activités culturelles variées ou à l’occasion d’invitations d’organisations telle que l’UNESCO (pour ACADE) ou encore des représentations caritatives au sein des centres hospitaliers, des maisons de retraite (pour Raíces Andinas).

Bien que leurs sièges se trouvent à Paris, les associations équatoriennes ne se contentent pas de la capitale comme terrain de promotion culturelle. Raíces Andinas avait déjà fait montre de ses prouesses au Carnaval de Nantes, et c’était à Saint Amand, ville jumelée avec Riobamba en Equateur, que les danseurs d’ACADE avaient ébloui une nouvelle fois le public lors du festival des Affouages en 2008, ainsi qu’en Belgique.

 

 

 

 

 

 

 Festival de Nantes 2017 Raices Andinas

 

 

 

 

 

 

 

Los Amigos del Ecuador à Paris 2012

 

Quant aux membres de l’association Raíces Andinas, si beaucoup d’Équatoriens sont naturellement actifs au sein de l’association, des Brésiliens, des Marocains, des Boliviens et des Français se sont aussi joints à eux. Pour ACADE, la porte est également ouverte à tous ceux qui veulent connaître et vivre l’expérience équatorienne, petits et grands (certains ont d'ailleurs grandi avec l’association). Ces associations équatoriennes sont bien plus que des cours de danse ou des répétitions, c’est aussi des rassemblements conviviaux. Lourdes, une des responsables de Raíces Andinas qualifierait même ces réunions de « moments privilégiés de partage et d’intense bonheur entre Equatoriens, heureux de revivre leurs traditions loin de chez eux et en même temps de les partager avec les autres ». Ces sentiments sont partagés par les danseurs d’ACADE, où le patriotisme est un des piliers moteurs de l’association.

 

Los Amigos del Ecuador Carnaval de Paris 2018

 

Un patriotisme ouvert et chaleureux très bien accueilli par le public français « très content de connaître une autre culture, dont l’enthousiasme nous encourage à continuer ce que l’on fait » me confie Lourdes. Myriam Elena Caisaguano, la coordinatrice artistique d’ACADE se dit également satisfaite du comportement du public, enclin aux découvertes culturelles de régions éloignées.

Même si l’ambiance carnavalesque de Paris ne sera bien sûr jamais identique à celle de l’Équateur, les associations s’efforcent à ce que leurs prestations soient les plus authentiques possible avec l’enseignement et l’accompagnement de professeurs de danse et musiciens professionnels, ainsi que les costumes aussi magnifiques qu’impressionnants fabriqués en France ou directement importés de leur terre d’origine. 

Ainsi, ne ratez plus une occasion pour éveiller vos sens et voyager à quelques stations de métro de chez vous en découvrant des cultures lointaines promues par des passionnés à travers la danse, la musique, la joie de vivre.

 

Raices Andinas 2017

 

 


©  IHEAL-CREDA 2018 - Publié le 2 mars 2018 - La Lettre de l'IHEAL-CREDA, n° 15, mars 2018.