Zoom

Cosechando esperanzas
Zoom sur le film documentaire réalisé par Jordie Blanc Ansari en Bolivie à partir de méthodes participatives
 

A 3 812m d’altitude, au bord du Lac Titicaca, les habitants n'ont accès à l'eau que quelques heures par jour. L’État plurinational bolivien a pourtant promu, dans sa constitution de 2009 et à l’ONU en 2010, un droit à l’eau. Des jeunes boliviens ont pris la caméra pour témoigner.  Ils s’interrogent sur l’avenir de leur lac, symbole de leur culture, à l’écosystème riche et bien souvent l’unique ressource en eau. Comment le préserver ? Ils sont partis à la rencontre des habitants dont la profession est directement liée à l’eau : hôteliers, biologistes, pécheurs pour récolter des solutions : « récolter l’espoir » d’un avenir sain où l’homme vivrait en harmonie avec la nature. Ce film invite à la réflexion sur l’idéologie du  Vivir Bien.

Une méthode d'enquête participative par l’image

Jordie Blanc Ansari travaille actuellement sur l’appropriation sociale et politique du concept du Vivir Bien. Afin d’aborder le sujet, Jordie a instauré une méthode participative en organisant des ateliers audiovisuels auprès des jeunes de Copacabana, au bord du Lac Titicaca en collaboration avec le collectif audiovisuel Jiwasa Cine[1].

Les jeunes ont proposé de s’intéresser à la problématique de l’accès à l’eau, un conflit quotidien qui rend difficile un bien-vivre ensemble. Avec Jordie et Stif (fondateur du collectif Jiwasa Cine), les jeunes ont appris à manier la caméra et les micros. Ensemble, ils ont réalisé des entretiens avec des acteurs locaux, notamment des membres de leur entourage. Le groupe est ensuite parti sur l’île de la Luna, en plein cœur du lac, pour connaître les stratégies et les projets mis en place par les insulaires et la municipalité pour accéder à l’eau. Ils ont découvert ensemble les croyances et les récits mythiques relatifs au lac.

Cette méthode tend à expérimenter une transmission équitable des savoirs. Le regard de ces jeunes s’est donc additionné au regard de la jeune chercheuse, leurs questions se sont superposées aux siennes, ce qui a enrichi la recherche et l'a emmenée sur des pistes qu’elle n'aurait peut-être pas explorées. Cette méthode participative lui a permis de comprendre comment les acteurs locaux s’imprégnaient du Vivir Bien.

Jordie Blanc Ansari est doctorante en anthropologie à l'IHEAL-CREDA, où elle prépare actuellement une thèse intitulée "Vivir bien : concept indigène pour repenser le développement et le rapport Homme / Nature dans la Bolivie contemporaine. Approche en anthropologie filmique.", sous la direction de Florent Kohler.

©  IHEAL-CREDA 2018 - Publié le 1 juin 2018 - La Lettre de l'IHEAL-CREDA n° 18, juin 2018.