Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
Centre de recherche et de documentation sur les Amériques

Débats actuels en anthropologie de l’Amérique latine

Code: 
H0GD15
enseignant(s): 
Capucine Boidin
Année: 
2018-2019
Présentation: 

Il existe aujourd’hui un fort consensus dans la communauté académique pour critiquer l’andro-centrisme et l’euro-centrisme de la production des connaissances anthropologiques et pour affirmer qu’il faut dépasser les oppositions dichotomiques simplistes telles que sujet/objet, nature/culture, tradition/modernité, don contre don/marché, oralité/écriture. Le « grand partage » entre « eux » et « nous », entre sociétés traditionnelles, archaïques, dites primitives et les sociétés modernes, sociétés avec et sans marché, avec et sans écriture, avec et sans Etat, avec et sans histoire… a été largement critiqué… Pourtant ces dépassements – de nature différente mais souvent confondus- ne sont pas recherchés en suivant les mêmes stratégies par tous les auteurs.

Certains trouvent dans les sociétés non occidentales d’autres philosophies et manières mêmes de philosopher, pour dépasser des dichotomies telles que nature/culture ou sujet/objet modernité/tradition savoirs scientifiques / savoirs traditionnels. Ce faisant la différence est magnifiée. D’autres au contraire cherchent des catégories d’analyse qui permettent de comparer toutes les sociétés entre elles, effaçant par là-même toute idée de différence substantielle. Il s’agit souvent dans ces cas, de souligner la rationalité de ceux que la tradition anthropologique a posés comme différents (il s’agit d’en finir avec l’exotisme). Pratiquant une forme de sociologie comparée, ces auteurs soulignent l’existence de diverses formes de capitalisme, de modernités, d’Etats, d’empires, d’écritures, d’échanges économiques etc…. De manière parallèle, il peut s’agir d’exotiser les dits modernes ou contemporains, en faisant par exemple de l’anthropologie de la science etc... 

Pourtant, il suffit de s’attarder au rayon « ethnologie » ou « anthropologie » des rares librairies qui en propose un pour s’apercevoir que ce renouveau atteint peu le grand public, qui vient d’abord chercher dans l’anthropologie la parole ou les textes sacrés de sociétés imaginées comme étant originelles ou premières et qui dans la radicalité de leur différence nous permettraient de mieux critiquer « notre » société. On ne cherchera pas à apporter de réponse ferme à ces débats mais plutôt à prendre conscience des problèmes posés et des réponses apportées selon différentes traditions de réflexion.

Pour cette année 2019 nous relirons des textes classiques d'anthropologie politique et d'anthropologie de la parole à la lumière des débats actuels autour du concept de « cosmopolitique ». Dans les années 1960, les sociétés amazoniennes ont provoqué l’engouement en raison de leur caractère « égalitaire », « démocratique », « anarchique ». Les textes de Pierre Clastres et l'idée que les sociétés amazoniennes sont des "sociétés contre l'Etat" sont alors au coeur des débats anthropologiques. Aujourd’hui, la capacité des sociétés amazoniennes à mettre la terre et les entités spirituelles au cœur de leur politique ou ce que certains appellent la cosmopolitique nous fascine tout autant. Les textes d'Eduardo Viveiros de Castro et de Philippe Descola tiennent le devant de la scène. Nous alternerons la lecture de textes "classiques" des années 1960, leur relecture critique au fil des ans et des textes ou conférences actuels.

Une participation assidue et une lecture des textes Avant chaque séance est indispensable au bon déroulement du cours et fera l’objet d’une part importante de l’évaluation.

Objectifs pédagogiques

Connaître quelques-uns des grands débats classiques et actuels des anthropologies française et latino-américaine. Se situer dans ces débats : Développer ses capacités à critiquer et argumenter ses positions.

Modalité d’évaluation

Participation (50%) : au début de chaque séance, il sera demandé à plusieurs étudiant(e)s de résumer les textes à lire.

Dossier autour d’un ensemble de texte, autour d’une notion ou autour d’un auteur à définir avec l’enseignante avant le 28 janvier au plus tard (50%). A rendre pour le 4 mars au plus tard sous forme papier lors du cours et en ligne sur la plateforme icampus du cours. Corrections et évaluations collectives le 11 mars. Le dossier fera au minimum 5 et au maximum 10 pages, times12 interlignes simples.

Il comportera la mention : Je soussigné, PRENOM NOM, atteste que le travail qui suit est entièrement original et que toutes les sources utilisées ont été mentionnées explicitement. Je certifie de surcroît que je n’ai pas utilisé des idées ou des formulations issues d’un ouvrage, d’un article ou d’un mémoire – en version imprimée ou électronique – sans en indiquer l’origine précise. Je certifie que les citations intégrales sont signalées entre guillemets. Fait à XXX, le XX / XX / XXX Signature

Programme détaillé des premières séances en pièce jointe.Â