Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
Centre de recherche et de documentation sur les Amériques

L'Amérique latine en France

Día de Muertos : la joie sur les tombes !
Par Marion Imbert

La tradition mexicaine Día de muertosest de plus en plus connue et fêtée, notamment depuis la sortie du film d’animation Coco, fin novembre 2017. Ce film a eu un immense succès, autant chez les petits que chez les grands. Reflet de la fête traditionnelle des morts au Mexique, il donne une belle idée de la coutûme pré-hispanique des 126 millions d’habitants du Mexique.

 

Qu’est ce que la tradition “Día de Muertos” ?

Le jour des morts se produit le 1er et 2 novembre de chaque année. Lors de cette célébration familiale, très festive, les mexicain.e.s ont l’habitude de se déguiser et se maquiller en Catrinas, de se rendre sur la tombe de leurs proches afin d’y déposer des fleurs, bougies et offrandes, afin d’honorer leur mémoire. La légende raconte que le 1er novembre, ce sont les esprits des enfants disparus (los angelitos) qui reviendraient parmi les vivants, et le 2 novembre les esprits des adultes qui viendraient se délecter des offrandes. C’est aussi l’occasion de partager un moment en famille autour d’un verre de tequila, de mezcal, et de déguster du pan de muertos (pain des morts). Au Mexique, la fête des morts commence généralement le week-end d'avant, et dure au total sept à huit jours. Un défilé est organisé dans les grandes villes mexicaines et réunit plus de monde chaque année.

Un autel est également dressé dans la pièce de vie au nom de la personne défunte, accompagné de ses photos, d’une coupelle d’eau, de sel, de copal (morceau de bois qui est brûlé pour purifier l’air et amener un sentiment de plénitude), bougies (qui dessinent le chemin des défunts et les guident jusqu’à chez eux), fleurs, et diverses offrandes comestibles.

Qu’est ce qu’on mange pour “Día de Muertos” ?

Eh bien tout dépend de ce que les défunts aimaient manger ! La plupart des offrandes étant les plats favoris des défunts, leurs familles cuisinent en général un plat typiquement mexicain, tel que le mole, les enchiladas, les tamales, le chile relleno, des morceaux de citrouille confite et caramélisée. Ces plats sont accompagnés de boissons chaudes, tels que le ponche (boisson chaude à base de fruits macérés) avec une goutte de tequila, l’atole, ou encore le pulque. Sans oublier les calaveras en sucre ou en chocolat.

 

 
Quelques plats typiques que l'on retrouve sur les tables mexicaines et une offrande colorée.

À Paris

Dans la capitale, de nombreux évènements ont lieu pour la Fête des Morts, notamment organisés par le Colectivo Cultural Internacional (Nadieshda) à partir du 25 octobre jusqu’au 31 octobre. Concours du meilleur déguisement, concerts, représentations de danses traditionnelles, journées gastronomiques, ateliers de maquillage, de compositions florales, rituels chamaniques Aztèque et Mexica-Temazcalli, etc… Leur programme est à découvrir en cliquant ici.

Portraits

Nous sommes allés à la rencontre de différents étudiants mexicains en France ou au Mexique et nous leur avons posé différentes questions :

Raymundo Roalandini Jenner, 24 ans, mexicain. Étudie à l’Instituto Tecnológico Autónomo de México (ITAM). (Interview en espagnol).

¿Qué representa el Día de muertos para tí?

Raymundo : Me costaría mucho resumir una tradición de siglos en unas palabras, pero lo intentaré. El Día de Muertos es para mí tanto patriótico como espiritual. Me refiero a que la festividad me provoca un enorme orgullo por mi cultura (con un cierto sentido nostálgico prehispánico) y un profundo respeto por el único trance universal que une a la humanidad: la muerte. La ve como una fuente de luz que conecta la sabiduría del pasado con el presente, otorgando una perspectiva apreciativa de la vida. Ante la mayor tragedia que puede sucederle a una familia (la muerte de un ser querido) el espíritu del Día de muertos es precisamente festivo, pero solemne, hermoso pero respetuoso. Creo que habla de los más altos valores que puede tener la sociedad latina: la generosidad y el ponerle buena cara a la vida, a pesar de todo. Me da un enorme orgullo celebrar una fiesta tan llena de belleza, colores donde la comida y las flores crean una atmósfera de compañerismo y de profunda cohesión social. Es todo lo contrario al terror mortal, es una perfecta fusión entre el pasado precolombino y el espiritualismo católico, el ver a la muerte como un encuentro con Dios y con su luz, la cual precisamente se expresa en el brillo de las velas en cada panteón. Siempre el Día de Muertos es algo personal y comunitario, es tanto una actividad individual como nacional, que mezcla tradición y corazón en ofrendas que no pueden describirse de otra forma más que altares sagrados hechos obras de arte, donde vivos y muertos cenan y toman tequila, juntos por una noche.

 

Mathilde Gutiérrez Dunet, 20 ans, franco-mexicaine. Née à Guadalajara. À Paris depuis 3 ans et demi :

Comment allez-vous célébrer le Día de Muertos ?

Mathilde : “Cette année, malgré la distance qui me sépare du Mexique et donc de ma famille, je maintiens la tradition en faisant un petit autel avec du papel picado, des bougies, des fleurs, du pan de muertos (que je trouve dans les restaurants mexicains) et des photos de mes chers disparus. Ainsi je me sens plus près d’eux et de cette coutume qui colore la mort.”

 

Luis Fernando Aguilar, 23 ans, mexicain. Né à Veracruz. Vit en Allemagne depuis un mois après trois ans passés à Lyon :

Que représente el Día de Muertos pour votre famille?

Luis : “C’est un des jours les plus vivants du Mexique. Un jour magique, où la peur de la mort disparaît au profit de la joie; on reçoit la mort comme une amie, une délivreuse. La famille et la convivialité sont l'essence de cette fête. Nous fêtons aussi la reconnaissance d'être vivant, heureux et d’avoir connu nos défunts. Le Día de Muertos est un mélange entre fête chrétienne et rites païens de notre passé pré-hispanique. Cette relation unique avec la mort se retrouve aussi chez quelques peuples indigènes en Amérique latine et en Afrique, où la mort n’est pas un tabou, mais acceptée, accueillie. Je pense que c’est parce que nous sommes plus spirituels et nous attachons moins d'importance à l’enveloppe corporelle. D'ailleurs le 2 novembre est mon anniversaire, ce sera donc un jour doublement festif !”

 


©  IHEAL-CREDA 2018 - Publié le 26 octobre 2018 - La Lettre de l'IHEAL-CREDA n° 23, novembre 2018.