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Territoires de l’eau et Communs en Bolivie

Le projet « Territoires de l‘eau et communs en Bolivie. Les cas de la zone de desserte Hampaturí (zone sud de La Paz) et de Sacaba (Cochabamba) » a été coordonné en 2018 par Franck Poupeau (CREDA) et Claude Le Gouill (CREDA), en collaboration avec l’Agence Française de Développement (AFD), Paris 3 et le Centre de Recherche et de Documentation des Amériques (CREDA).

Une enquête a été réalisée sur les formes d’auto-organisation de l’eau au début de l’année à La Paz, ainsi qu’à Cochabamba avec l’appui des étudiants Andrés Fonseca (CESU, Universidad Mayor San Simón, Cochabamba) et Marcelo Pérez (CIAU, Universidad Privada Boliviana). En octobre et novembre, plusieurs évènements ont permis de valoriser les résultats de cette enquête. Tout d’abord, lors de la commémoration des 70 ans de l’Institut Français des Études Andines (IFEA) qui se déroulait à Lima du 29 au 31 octobre à Lima, avec pour sujet Los bienes comunes en cuestión: Patrimonios, territorios y poderes en los países andinos, Franck Poupeau a animé la conférence magistrale en présentant les différentes approches des « communs » ainsi que ses propres réflexions sur ce concept dans une perspective andine.

Claude Le Gouill a participé de son côté à la table ronde Autonomías locales y bienes comunes où il a pu articuler le concept de commun à celui de communauté dans les Andes. Ensuite, à La Paz, en collaboration avec l’IFEA, l’Ambassade de France, l’Institut de Tous les Savoirs et l’AFD, la conférence El servicio del agua “en común” por los actores del territorio. ¿Es posible y sostenible ? (12/11/2018 à La Paz) a été l’occasion de réunir, autour de Franck Poupeau et Claude Le Gouill, les chercheurs Bernard de Gouvello (LEESU) et Juan Cabrera (UPB) pour évoquer le cas des coopératives de l’eau dans les trois plus grandes villes boliviennes : respectivement La Paz, Santa Cruz et Cochabamba.

Enfin, à Cochabamba, la Journée d’étude Territorios del agua y comunes en Bolivia (14/11/2018) réunissait les principaux partenaires du projet - AFD, Paris3/CREDA, Centro Agua et CESU de l’Universidad Mayor San Simón ainsi que le CIAU de l’Universidad Privada Boliviana (UPB) - afin de présenter les résultats de l’enquête et de réunir les plus grands spécialistes de la question hydrique et des formes d’auto-organisation de l’eau en Bolivie.

Ces évènements ont permis de confirmer plusieurs points importants de l’enquête coordonnée par Franck Poupeau et Claude Le Gouill : si les formes d’autogestion de l’eau restent très nombreuses et variées en Bolivie, elles sont traversées par de nombreuses tensions. En interne, elles doivent faire face aux évolutions démographiques récentes (urbanisation croissante, changements générationnels et sociaux des quartiers) qui atténuent la cohésion sociale interne à ces organisations ; mais aussi à certaines tensions politiques et à un manque d’efficience économique qui ne permet plus de rénover des infrastructures vétustes. En externe, elles entrent en concurrence avec l’État dont le projet centralisateur du gouvernement d’Evo Morales vise entre autres à reprendre le contrôle de ces services plus ou moins autonomes. Elles doivent aussi faire face au changement climatique qui accélère les périodes de sécheresse (El Niño) et d’inondation (La Niña) en rendant la gestion de la ressource toujours plus complexe. Ces résultats ont aussi été partagés avec les coopératives étudiées à Cochabamba, durant un évènement convivial qui a généré des débats très riches entre les chercheurs et les populations sur le futur de ces formes d’auto-organisation de l’eau.

L’enquête sera prochainement mise en ligne par l’AFD et le colloque L’eau dans les Amériques qui se tiendra du 9 au 11 janvier 2019 à l’IHEAL, sera l’occasion de présenter plusieurs de ces résultats et de les partager avec des chercheurs français et internationaux.