Comparer villes moyennes et métropoles : la gestion des déchets

 

Comparer villes moyennes et métropoles : la gestion des déchets
(Nancy/Volta Redonda ; Buenos Aires/Rio de Janeiro)

Marie-Noëlle Carré – docteure en géographie - IHEAL-CREDA
Marcelo Pires Negrão – doctorant en géographie – IHEAL-CREDA
 
Depuis une vingtaine d’années, la gestion des déchets connaît un changement de paradigme. La gestion sanitaire, systématisée depuis la fin du XIXe siècle se dédouble, incorporant des dispositifs techniques de valorisation énergétique et de recyclage. Cette mutation coïncide en partie avec le constat généralisé de l’incapacité économique et politico-administrative des gouvernements locaux à assurer l’accès de tous les habitants au service de base, sans condition sociale, économique ou spatiale. Cet essoufflement du « dogme de l’universalisme » effrite aussi la fonction d’intégration que remplissait le service. Pensé à l’échelle des agglomérations, celui-ci, collecte et traitement compris, avait pour mission de diffuser des valeurs et des normes de comportement homogènes dans l’espace public. Alors, face à ces limites, la transition de la gestion des déchets entraîne-t-elle aussi un rééchelonnement de l’action publique ?
La communication s’appuie sur quatre cas d’études : deux villes moyennes, Nancy (France) et Volta Redonda (Brésil) et deux métropoles, Rio de Janeiro (Brésil) et Buenos Aires (Argentine). Plutôt que de les analyser en profondeur, il s’agit de systématiser la comparaison de leur service de gestion des déchets. Ce travail a donc vocation à dresser un état des lieux des pistes de réflexion potentiellement exploitables.

La première partie montrera que l’agglomération est une échelle pertinente pour analyser l’organisation du service universel de base de gestion des déchets. Cependant, le processus de métropolisation asymétrique, car il a surtout touché Buenos Aires et Rio de Janeiro, a aussi entraîné une complexification des niveaux de gestion du service. Les dispositifs institutionnels centralisés mis en œuvre dans les années 1960 à 1980 font l’objet d’une forte contestation et de tensions croissantes autour de leur gouvernance. Le troisième temps de la présentation se consacre à l’analyse d’une double dynamique : le renforcement des compétences des gouvernements locaux et l’insertion de certains territoires dans les flux globaux. L’approche comparatiste permet de nuancer l’hypothèse de la correspondance entre transition et « glocalisation » : ce rééchelonnement qui fait intervenir ensemble local et global n’est observé que dans certains des territoires métropolisés, et s’avère presque insignifiant dans les villes moyennes. A l’inverse, les efforts marqués des Etats nationaux pour rationaliser et améliorer une gestion tournée vers la valorisation des déchets semble être placés sous le signe de la régionalisation, une nouvelle échelle de gestion du service encore peu analysée.

Mots-clés : métropoles, villes moyennes, transition, déchets, échelle.
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