Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
Centre de recherche et de documentation sur les Amériques

Appel à communications - Atlantique Argentique. Circulations photographiques, XIX-XXe siècles

Date limite d’envoi des propositions : 15 juin 2019

 

Appel à communications

 

Atlantique Argentique

Circulations photographiques, XIX-XXe siècles

 

Colloque international organisé par l’UMR Théorie et histoire des arts et des littératures de la modernité (THALIM), le Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines (CHCSC), le laboratoire Synergies Langues Arts Musique (SLAM) et le musée du Jeu de Paume dans le cadre du programme ANR Transatlantic Cultures.

 

En 2007, un numéro thématique d’Études Photographiques intitulé « Paris – New York » décrivait les « zigzags » tracés par les échanges incessants d’images, d’idées et de technologies entre deux capitales historiques de la photographie. Il s’agissait alors de bousculer le récit trop linéaire d’une technologie née « française » et accaparée au cours du XX e siècle par la puissance médiatique, commerciale et idéologique nord-américaine. Ce « transfert culturel » (Espagne 2013) était en réalité une forme de dialogue ininterrompu entre l’Europe et les États-Unis. Ainsi, « la densité des échanges transatlantiques [confirmait-elle] que la photographie et son institutionnalisation sont le reflet d’une histoire atlantique. » (Brunet et al. 2007, 3).

On le sait, la question des origines a donné lieu à des hypothèses concurrentes, ancrées dans les particularismes et les revendications nationales. La photographie a été imaginée, esquissée, voire inventée avant Daguerre, par des Anglais (au premier rang desquels Henry Talbot), par un Espagnol de Saragosse (Ramos Zapetti) et peut-être même par un autre Français exilé au Brésil (Hercules Florence). « L’idée de photographie » (Brunet 2000) semble avoir surgi presque en même temps sur toutes les rives de l’Atlantique : « the desire to photograph appeared as a regular discourse at a particular time and place—in Europe or its colonies during the two or three decades around 1800. » (Batchen 2001, 16).

L’objet du colloque « Atlantique argentique » sera donc d’esquisser une cartographie de ces « zigzags » dans l’ensemble de la région, avant que la culture visuelle de la fin du XXe siècle ne soit profondément transformée et mondialisée par la technologie numérique et l’apparente dématérialisation des images. La construction de cultures atlantiques s’est jouée en partie dans la manière dont ce « désir de photographier » a traversé l’Atlantique. La circulation matérielle des images et des publications, des praticiens professionnels et amateurs, le marché des matériels et l’organisation d’expositions ont été des vecteurs importants d’échanges commerciaux et culturels.

Ces traversées ont d’abord touché les grandes capitales de l’Atlantique et les ports. Elles ont relié les patries d’origines des migrants et les frontières de l’exil (Kroes 2007, 34-53), les champs de missions et les champs de bataille, les hauts-lieux du tourisme et les horizons inconnus. Pour ce faire, les photographies ont voyagé par bateau, par câble, par avion, et même dans une célèbre valise mexicaine (Young 2010). Ce sont donc les voyages et les correspondances, les échanges institutionnels, les circuits de l’art et de la culture qui ont ainsi contribué à fabriquer ou à maintenir des liens familiaux, amicaux, politiques ou religieux dans l’ensemble de la région, nourrissant les histoires communes d’un rivage à l’autre.

Cet Atlantique des images matérialise à la fois le lien et l’éloignement, la communauté et la séparation. Il a façonné des empires, nourri la propagande et le commerce, et même élaboré l’utopie d’une « famille humaine » commune au lendemain de la Seconde guerre mondiale (Stimson 2006, 87). Les interventions s’attacheront donc à dessiner la contribution des images photographiques au paysage visuel atlantique (Schneider 2013, 36), ce « monde image » (image world) évoqué par Deborah Poole pour décrire l’économie visuelle liant les Andes, l’Afrique, l’Europe et les États-Unis (Poole 1997, 7).

Les pistes de travail suivantes pourront être abordées (liste non exhaustive) :

● Les circulations matérielles des images et des publications

● Les circulations des acteurs (photographes, galeristes, agents…), des discours (théories, ouvrages, traductions…) et des pratiques (formes, genres…)

● Les circulations des technologies

● Les échanges commerciaux et institutionnels (agences, musées, expositions, maisons d’édition, entreprises, etc.)

 

Ce colloque s’inscrit dans le cadre du programme de recherche international “Transatlantic Cultures”. Lancé en 2015 par le Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines (Paris-Saclay), l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 et l’Université de São Paulo, ce projet rassemble aujourd’hui une équipe de 40 chercheurs, rattachés à 19 universités, en Europe, en Afrique et dans les Amériques. Il vise à la réalisation d’un Dictionnaire d’histoire culturelle transatlantique (XVIIIe - XXIe siècles) édité en ligne et en quatre langues (français, anglais, espagnol, portugais) : une plateforme numérique pour analyser les dynamiques de l’espace atlantique et comprendre son rôle dans le processus de mondialisation culturelle contemporain. Pour en savoir plus : https://tracs.hypotheses.org/

 

Bibliographie sélective

Batchen, Geoffrey. 2001. Each wild idea: writing, photography, history. Cambridge, Mass: MIT Press.

Brunet, François. 2000. La naissance de l’idée de photographie. Paris : Presses Universitaires de France.

Brunet, François, Gaëlle Morel and Nathalie Boulouch. 2007. “Zigzags.” Études Photographiques, 21 (December): 2-5.

Espagne, Michel. « La notion de transfert culturel. » Revue Sciences/Lettres 1 | 2013 (May 2012). https//doi.org/ 10.4000/rsl.219

Geary, Christaud M. 2007. « Mondes virtuels : les représentations des peuples d'Afrique de l'ouest par les cartes postales, 1895-1935 ». Le temps des médias 1 (8): 75-104.

Kea, Pamela. 2017. “Photography, care and the visual economy of Gambian transatlantic kinship relations.” Journal of Material Culture, 22 (1): 51-71.

Kossoy, Boris. 2003. Fotografia & Historía. São Paulo: Atelié editorial.

Kroes, Rob. 2007. Photographic Memories. Private Pictures, Public Images, and American HistoryHanover, New Hampshire: Dartmouth College Press.

Poole, Deborah. 1997. Vision, Race and Modernity: A Visual Economy of the Andean Image World, Princeton, New Jersey: Princeton University Press.

Schneider, Jürg. 2013. “Portrait Photography: A Visual Currency in the Atlantic Visualscape.” In Portraiture and Photography in Africa, edited by John M. Peffer and Elisabeth Lynn Cameron. Bloomington: Indiana University Press.

Stimson, Blake. 2006 . The Pivot of the World: Photography and Its Nation. Cambridge, MA and London: The MIT Press.

Young, Cynthia. 2010. The Mexican suitcase. The rediscovered Spanish Civil War negatives of Capa, Chim, and Taro. Göttingen: Steidl, New York: International Center of Photography.

 

Informations pratiques

Les communications, d’une durée de 20 minutes, pourront se faire en français ou en anglais.

Date limite d’envoi des propositions : 15 juin 2019

Email : silveratlantic2020@gmail.com

Format des propositions : 1500 signes maximum, dix références bibliographiques et une biographie (500 signes maximum), en anglais

Notification d’acceptation des propositions : 15 septembre 2019

Remise des textes des interventions : 1er février 2020, publication envisageable sur la plateforme Transatlantic Cultures

 

Comité d’organisation

Ada Ackerman, THALIM, Centre National de la Recherche Scientifique

Didier Aubert, THALIM, Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle

Clara Bouveresse, SLAM, Université d’Evry-Val d’Essonne

Anaïs Fléchet, CHCSC, Université de Versailles Saint-Quentin

Eduardo Morettin, Université de São Paulo

Priscilla Pilatowsky, Institut des Hautes Études de l’Amérique Latine, Colegio de México

 

Comité scientifique

Alexander Alberro, Columbia University, États-Unis

Jennifer Bajorek, Hampshire College, États-Unis

Alberto del Castillo Troncoso, Instituto Mora, Mexique

Paul-Henri Giraud, Université de Lille, France

Patricia Hayes, Université du Cap-Occidental, Afrique du Sud

Jean Kempf, Université Lyon 2 Louis Lumière, France

Boris Kossoy, Université de São Paulo, Brésil

Olivier Lugon, Université de Lausanne, Suisse

Rebeca Monroy Nasr, Instituto Nacional de Antropología e Historia, Mexique

Maureen Murphy, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France

Michel Poivert, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France

Shelley Rice, New York University, États-Unis

Pia Viewing, Jeu de Paume, France

Laura Wexler, Yale University, États-Unis

Kelley Wilder, De Montfort University, Royaume-Uni