Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine
Centre de recherche et de documentation sur les Amériques

Un nouveau projet de recherche pour le CREDA

 Le projet de recherche "Reconfigurations foncières et revendications identitaires en Amazonie brésilienne", porté par F.M. Le Tourneau vient d'être accepté dans le cadre de l'appel d'offres CAPES/COFECUB pour une durée de 4 ans. Ce projet cherchera à renforcer la coopération dans le domaine de la compréhension des processus socio-spatiaux en cours à l'heure actuelle en Amazonie brésilienne (voir résumé ci-dessous) entre les deux partenaires principaux, le CREDA pour le côté français et l'Institut national de recherches spatiales (Instituto nacional de pesquisas espaciais - INPE) pour le côté brésilien. Grâce aux chercheurs impliqués, il permettra aussi de créer une coopération élargie avec un ensemble plus large de partenaires : CREDA, IDA, EPHE, EHESS, MASCIPO côté français, INPE, Université fédérale du Para et Musée E. Goeldi côté brésilien.

Résumé du projet :

Depuis les années 2000, on assiste en Amazonie brésilienne à l’émergence de nouvelles formes de revendications territoriales,  dans lesquelles certaines populations, principalement rurales, revendiquent désormais l’ethnicité comme critère majeur d’inscription territoriale. Dans de nombreux cas, cela leur permet une plus grande latitude dans les formes d’usage des ressources, en particulier par rapport à d’autres formes de reconnaissances plus axées sur le respect de normes environnementales. A l’échelle locale, l’émergence de ces nouvelles identités divise et semble créer des conflits qui ont la caractéristique d’opposer entre eux des « petits », ce qui reste encore peu étudié. Par ailleurs, l’apparition de nouvelles identités peut être interprétée comme un effet colatéral du croisement de deux types de mobilisations sociales qui ont eu lieu au cours des trois dernières décennies : mobilisations bottom-up ou grassroot dans lesquelles les mouvements sociaux ont mis en avant des revendications anciennes, le plus souvent foncières, et mobilisations top-down dans lesquelles l’Etat a réagi aux précédentes en allouant de nouveaux droits, le plus souvent sur la base de l’ethnicité ou de la culture.  

Sur la base de ces éléments, notre projet se propose d’analyser les reconfigurations territoriales et identitaires que l’on peut observer à l’heure actuelle en Amazonie, et leurs effets spatiaux, en s’appuyant sur une méthode diachronique et multiscalaire, qui combine des facteurs socio-politiques et environnementaux. Pour cela nous proposerons une analyse à l’échelle locale (dans trois « sites d’étude ») et régionale (dans un périmètre que nous appelons « zone d’étude étendue », comprenant les vallées de l’Amazone et du Solimões) selon un protocole en cinq étapes, reposant sur : (1) une étude de la progression des changements d’usage des sols, (2) une analyse des sources écrites disponibles, (3) une étude des arrangements institutionnels locaux, (4) une étude géo-anthropologique minutieuse de cas localisés et enfin (5) le traitement et l’analyse intégrée des données. Après avoir croisé l’ensemble de ces données, nous serons à même d’évaluer quels sont les facteurs clivants dans le cadre des revendications identitaires liées aux redéfinitions territoriales récentes. Nous aurons aussi avancé sur le plan méthodologique, en proposant notamment une méthode mixte combinant l’analyse qualitative et l’analyse quantitative.

Ce projet est porté par une équipe de chercheurs français et brésiliens développant leurs recherches sur des thématiques proches –l’étude, en Amazonie brésilienne, des dynamiques sociales et identitaires en réponse à l’avancée de la frontière et des bourleversements fonciers récents. La partie française, coordonnée par François-Michel Le Tourneau (géographe, CNRS), émane de l’UMR 7227 (CNRS-Paris 3) /CREDA; tandis que la partie brésilienne est coordonnée par Roberto Araújo, anthropologue à l’Institut National de Recherches Spatiales (INPE-MCT) et inclut une participation forte du Nucleo de Estudos Amazônicos de l'Université fédérale du Para. L’ensemble des participants, parmi lesquels 6 doctorants et deux post-doctorants, possède une expérience solide des terrains amazoniens sur lesquels porte le projet et où la plupart réalisent ou ont réalisé leur travaux de thèse.
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