L'Institut international de Coopération intellectuelle et le Brésil (1924-1946) : le pari de la diplomatie culturelle
Dès les années 1920, le Brésil élabore les outils d’unediplomatie culturelle, suivant ainsi de près la France et devançant bien des pays dont les États-Unis. Il le fait notamment par le biais de l’Institut International de Coopération Intellectuelle,ancêtre de l’UNESCO créé sous les auspices de la Société des Nations. Le présent ouvrage étudie les modalités de cette participation, ainsi que ses motivations. On découvre un Brésil soucieux de son image à l’extérieur, désireux de briser le cliché d’un pays encore « dans l’enfance de la civilisation ». On retrouve là les termes du débat sur l’identité brésilienne qui agite les milieux intellectuels brésiliens dans l’entre deux-guerres, désireux de briser l’hégémonie du « modèle » culturel européen. Plus pragmatiquement ,l’élaboration d’une image positive à destination de l’extérieur – clé de voûte du soft power – doit permettre à ce pays, secondaire sur la scène internationale, de servir son ambition d’y jouer un rôle plus conséquent, mais aussi de favoriser les intérêts économiques mis à l’honneur par le projet de développement national de Getúlio Vargas à partir de 1930. La participation du Brésil aux travaux de l’Institut est également pour celui-ci un moyen de ne pas être totalement absent de la scène européenne, malgré son départ de la SDN en 1926. Cela lui permet, d’une part, de garder une certaine autonomie vis-à -vis des États-Unis et, d’autre part, d’offrir des garanties aux démocraties soucieuses de voir le plus grand pays d’Amérique latine développer ses relations avec les régimes d’inspiration fasciste. La collaboration du Brésil avec l’Institut peut donc être comprise comme une illustration de l’« équidistance pragmatique » qui caractérise alors la politique extérieure brésilienne; mais cette politique est également destinée à acquérir le prestige international nécessaire au leadership régional, dans le cadre des relations interaméricaines.
Préface
Introduction
CHAPITRE 1
Les acteurs brésiliens de l’Institut
Le retrait du Brésil de la SDN : une question de « dignité nationale »
Les acteurs institutionnels
   La Commission brésilienne de coopération intellectuelle
   Le ministère des Relations extérieures : évolution(s) du service de coopération intellectuelle
   Le délégué brésilien auprès de l’IICI
Le Brésil dans le concert des nations : deux visions différentes
   Portrait de l’intellectuel brésilien en bâtisseur de l’identité nationale
   Élysée Montarroyos, diplomate, délégué auprès de l’IICI de 1925 à 1940
   Ildefonso Falcão, écrivain, chef du Service de coopération intellectuelle de l’Itamaraty
Évaluations de l’action brésilienne au sein de l’IICI
   « Le Brésil, grand inconnu du monde moderne » : un discours récurrent
   « Ce que n’est pas encore mais doit être le Service de coopération intellectuelle »
   De la nécessaire adaptation de la propagande brésilienne au public visé
CHAPITRE 2
Le Brésil, le contexte américain et l’IICI : « l’équidistance pragmatique »
Le Brésil et les États-Unis
Le Brésil et l’Amérique latine
   Des relations ambivalentes
   La rivalité avec l’Argentine
   Le Brésil, l’Amérique latine et les États-Unis : l’Union panaméricaine
L’Institut et l’Union panaméricaine : des relations ambiguës
   La place des États-Unis, acteur à ménager
   L’Institut et l’Union panaméricaine, entre rivalité et complémentarité
   Le Brésil, trait d’union entre l’Institut international de coopération intellectuelle et l’Union panaméricaine ?
CHAPITRE 3
L’Amérique latine dans l’IICI et l’IICI en Amérique latine : une présence grandissante
Présence de plus en plus importante des pays latino-américains au sein de la CICI
   Une motivation tardive
   Les modalités diverses d’une présence grandissante
   La Conférence générale des Commissions nationales de coopération intellectuelle de 1937 : l’heure latino-américaine
L’Institut à l’origine d’un rapprochement des pays latino-américains ?
   Une coopération renforcée ?
   Vers une régionalisation de la coopération intellectuelle ?
   L’Amérique latine, futur de l’IICI ?
   La ratification de l’Acte international de coopération intellectuelle, enjeu d’avant-guerre
L’IICI pendant la guerre
1945-1946 : éphémère renaissance de l’Institut
Conclusion
Sources
Bibliographie
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